Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 438 du 30 avril 2024
Par Daniel Gluckstein
À l’heure où ces lignes sont rédigées, le monde a les yeux tournés vers Rafah. Si l’intervention annoncée de l’armée israélienne avait lieu, elle y ferait des milliers de victimes s’ajoutant aux près de 40 000 morts déjà provoquées.
Au même moment, la guerre s’intensifie au centre de l’Europe. Macron franchit un cran en proposant une « défense européenne » mutualisant l’arme nucléaire.
Le monde marche à la guerre…
Pourtant, ceux qui, « à gauche », condamnent le soutien apporté par les gouvernements capitalistes à Netanyahou refusent de condamner le soutien apporté par les mêmes gouvernements à Zelensky. Les mêmes qui, « à gauche », demandent l’arrêt des livraisons d’armes à Israël refusent de condamner les livraisons d’armes à l’Ukraine. Pire, au Congrès américain comme au Parlement européen, ces « députés de gauche » votent pour ces livraisons d’armes.
Les deux questions peuvent-elles être séparées ? En soumettant au vote le même jour et dans un même mouvement les 61 milliards d’« aide à l’Ukraine » et les 26 milliards d’« aide à Israël », Biden a parlé clairement : c’est une seule et même guerre qu’il mène contre les travailleurs et les peuples.
Macron le sait, membre de la même alliance – l’OTAN –, dirigée par l’impérialisme américain.
On nous objecte parfois : « L’Ukraine, ce n’est pas pareil » car, en face, Poutine la menace. Que Poutine soit un ennemi de la classe ouvrière, de la démocratie et des libertés, cela ne fait aucun doute. Mais qui peut croire que c’est par amour de la liberté et de la souveraineté des peuples que Macron finance la guerre en Ukraine ? Si sa motivation était d’aider un peuple soumis à l’invasion étrangère, pourquoi n’arme-t-il pas le peuple palestinien qui, depuis soixante-quinze ans, est victime de la colonisation israélienne ?
Non, personne ne peut croire que Macron et Biden sont poussés par l’amour de la liberté. C’est la préservation de l’« ordre » impérialiste qui les amène à s’engager au Moyen-Orient derrière Netanyahou. C’est pour défendre les intérêts des oligarques de Washington et de Paris contre ceux des oligarques de Moscou qu’ils s’engagent en Ukraine.
Biden, Macron et Poutine sont d’accord sur un point : les « grandes puissances » ont le droit de décider à la place des peuples. Leur désaccord porte sur un point : les décisions doivent-elles être prises à Washington ou à Moscou ?
La politique de chaque gouvernement impérialiste forme un tout. En ce qui concerne les travailleurs et les jeunes en France, ils constatent que ce gouvernement Macron mène à l’extérieur une guerre pour défendre les intérêts capitalistes de la même manière qu’il mène en France la guerre contre les intérêts des travailleurs et de la jeunesse.
Voilà pourquoi le mot d’ordre « Pas un sou, pas une arme, pas un homme pour la guerre ! » s’oppose aussi bien à la politique de Macron à l’extérieur – au Moyen-Orient, en Europe centrale, en Afrique… – qu’à sa politique à l’intérieur contre les travailleurs et la jeunesse.