L’affaire de Mazan : pour en finir avec le patriarcat, en finir avec le capitalisme

            Le patriarcat est indissociable de la division de la société en classes, depuis la fin de la préhistoire, de l’exploitation de l’homme par l’homme et de la double exploitation de la femme. C’est dans le cadre du patriarcat que les droits des femmes sont remis en cause, que les crimes misogynes se multiplient, que les violences sont encouragées parallèlement à la violence des États, comme en Afghanistan ou en Iran entre autres.

            C’est dans ce contexte qu’un homme passe en procès avec cinquante violeurs. Pendant dix ans, à Mazan (Vaucluse), il a drogué sa femme pour livrer son corps à des hommes qu’il racolait sur internet.

            Ce procès est historique. Il a un retentissement mondial.

  • C’est dû au fait que la demande de rejet du huis-clos par la victime à été accepté.
  • C’est dû au fait que la question n’est plus de savoir s’il y a eu consentement ou pas, on doit juger l’horreur des viols dont les preuves vidéo sont irréfutables.
  • C’est dû à la dimension du procès pour lesquels comparaissent 51 accusés

            C’est bien plus qu’un fait divers. La victime, Gisèle Pélicot, déclare avoir levé le huis clos du procès pour aider les autres femmes victimes, pour que la honte change de camp et ajoute-t-elle devant la cour : « J’exprime surtout ma volonté et [ma] détermination pour qu’on change cette société. » (Le Monde du 23 octobre 2024).

            Justice doit être rendu à la victime. Les violeurs doivent être empêchés de nuire à nouveau. Et il faut aller plus loin, car c’est le patriarcat qui aboutit à déposséder les femmes de leur corps.

            Il y a urgence car la roue tourne à l’envers : l’impérialisme décomposé remet partout en cause les droits démocratiques et les droits acquis par les femmes travailleuses, détourne les budgets des états pour financer les guerres, résultat :

  • L’école n’a plus les moyens de donner à chaque élève l’encadrement dont il a besoin.
  • L’hôpital n’est plus en capacité de prévenir et soigner les maladies mentales
  • Les jeunes ne disposent pas d’assez de structures pour bénéficier d’activités sportives, culturelles et de loisir et sont amenés à surfer sur internet et visionner des vidéos pornographiques parfois dés le plus jeune âge
  • En outre, l’avènement d’internet facilite les commerces les plus crapuleux, drogues, armes mais aussi êtres humains, ce procès en est une preuve.
  • Malgré les protestations, pour faire toujours plus de profit, les firmes n’hésitent pas à utiliser l’image des femmes comme des objets, souvent de manière scabreuse.

            Dans une société où les écoles fonctionneraient avec tous les moyens nécessaires, où les travailleurs auraient des salaires leur permettant une vie épanouie, où l’exploitation serait abolie, où les profits ne seraient plus le moteur de l’économie, où les services de santé pourraient déceler les individus dangereux, les risques de ce genre de crimes seraient considérablement réduits.

            La lutte contre les violences faites aux femmes est indissociable de la lutte pour nos revendications, de la lutte pour le socialisme. Pour une société où les hommes et les femmes pourraient s’épanouir à égalité, qui abolisse la double oppression des femmes, qui, par la socialisation des moyens de production gère l’économie pour le bien être du plus grand nombre, construisons le Parti des Travailleurs.

Texte adopté par le comité de Vaucluse du PT, le 8/11/2024.

Il n’y a pas trente-six moyens

Par Daniel Gluckstein

De larges secteurs de la classe capitaliste en France affichent sans complexe leur sympathie pour Trump et sa politique.

Le président du Medef réclame des mesures immédiates de déréglementation et d’« allègements des charges ». Sans quoi, menace-t-il, les suppressions d’emplois seront bien plus nombreuses que les 150 000 annoncées par la CGT.

Jean-Marc Vittori, lui, consacre sa chronique des Échos à « une bande de branquignols à la tête du monde ». Mais il ajoute : « Aussi étrange que cela puisse paraître (…), la folie trumpienne débouchera peut-être sur des changements salvateurs », par exemple, « la remise en cause de toutes les réglementations [qui] peut libérer des énergies insoupçonnées ». Bref : « Un gouvernement de branquignols ne va donc pas fatalement aboutir à une politique grand-guignolesque. Le pire n’est pas toujours sûr, même dans l’Amérique de Trump. »

Les capitalistes en France (et dans le monde) n’ont pas d’autres rêves que les capitalistes américains. La différence entre les premiers et les seconds n’est pas dans ce qu’ils voudraient faire, mais dans ce qu’ils peuvent faire. Si Macron en avait les moyens, il ferait du Trump.

Trump estime qu’il peut appliquer sa politique brutale balayant tous les cadres institutionnels pour trois raisons : la classe capitaliste la plus puissante du monde le soutient ; il a la majorité au Congrès ; les dirigeants syndicaux, ayant renoncé à leur indépendance en faisant campagne pour l’autre candidate capitaliste, sont pour l’instant sonnés. Certes, il va rapidement se heurter à de nombreux obstacles. Mais il peut espérer avoir les mains libres un certain temps.

En France, les grèves se multiplient, le mécontentement et le rejet grandissent, la classe ouvrière est là ! Même les partis parlementaires, qui font tout pour prolonger le mandat de Macron à l’Élysée, arrivent au bout de leurs manœuvres : l’hypothèse se dessine d’une motion de censure adoptée, faisant chuter le gouvernement.

Mais pendant ce temps, Macron et Barnier continuent de frapper : les salaires, les services publics, la Sécurité sociale, l’emploi…

Il n’y a pas trente-six moyens de bloquer cette politique désastreuse : la lutte de classe dans l’unité des travailleurs et de leurs organisations pour les revendications.

Dans un communiqué d’appui au projet de loi de La France insoumise visant à ramener l’âge de départ à la retraite à 62 ans, la CGT appelle « les salarié.es, jeunes et les retraité.es à utiliser la plateforme d’interpellation des députés “alloparlement.fr” pour empêcher les manœuvres d’obstruction de façon à ce que ce vote aille à son terme ». Le rôle des syndicats serait-il de se ranger sagement derrière une action parlementaire dont on sait les limites (pour ne pas dire plus) sous la Ve République ? Devraient-ils s’en remettre à une hypothétique adoption d’une proposition de loi qui, sauf accord de Macron, serait bloquée ensuite à un niveau ou à un autre de la mécanique bonapartiste de la Ve République ?

Présent sur le piquet de grève de l’usine de Denain (lire page 16), un travailleur d’ArcelorMittal déclare : « Vu la situation des salariés dans l’ensemble du pays, toutes les confédérations devraient se mettre d’accord pour appeler à une grève unique, une grève générale pour les faire reculer. »

Il a raison. La situation du pays appelle la grève, la vraie grève, pas une (ou trois) journée(s) d’action saute-mouton. L’heure est à préparer la grève « tous ensemble » dans l’unité qui bloquera les plans du gouvernement, le chassera et ouvrira la voie à un gouvernement de satisfaction des revendications des travailleurs et de la jeunesse.

À quoi sert la cacophonie ?

Par Daniel GlucksteinAprès avoir mis au point un texte d’appel à la tenue d’assemblées générales pour préparer la grève sur les revendications, deux responsables syndicaux régionaux appartenant à des organisations différentes échangent sur la situation : « L’unité de nos organisations sur la base des revendications est une nécessité si on veut obliger le gouvernement à reculer », dit l’un. « D’accord, répond l’autre, surtout au vu de la cacophonie qui règne au sommet. »

Cacophonie au sommet, en effet. Les uns appellent à une journée de grève et de mobilisation le 5 décembre dans la fonction publique, d’autres appellent, sur les mêmes mots d’ordre, à trois jours de grève les 10, 11 et 12 décembre pour rejoindre, disent-ils, les cheminots dans la grève. Lesquels cheminots sont d’abord appelés à l’action par leurs fédérations sur leurs propres revendications le 21 novembre. Quant aux fédérations de fonctionnaires qui appellent les 10, 11 et 12, elles se disent prêtes à appeler le 5 avec les autres fédérations, mais à condition que celles-ci rejoignent l’appel aux 10, 11 et 12…

Cacophonie au sommet, décidément ! Plus le gouvernement attaque, plus se multiplient les plans patronaux de licenciements, et plus semblent s’imposer au sommet les initiatives de dispersion, d’éparpillement et de division !

Pourtant, quand 300 000 emplois sont menacés dans le privé, c’est toute la classe ouvrière qui est visée par ceux qui protègent les dividendes capitalistes. Les annonces du gouvernement sur la Sécurité sociale (notamment l’augmentation de 5 % du « reste à charge ») remettent en cause la conquête collective de la classe ouvrière arrachée en 1945, la Sécurité sociale fondée sur le salaire différé. C’est toute la classe ouvrière qui est attaquée.

Du côté du gouvernement et du patronat, il y a bien sûr, entre eux, des différences et des désaccords. Mais quand il s’agit de nous faire payer une dette qui n’est pas la nôtre ou les centaines de milliards de leur guerre capitaliste, ils savent serrer les rangs et agir comme une seule classe, soudée.

Alors, à quoi sert la cacophonie ? Elle sert à organiser la division. Et la division sert à faire passer les plans du gouvernement et des capitalistes.

En bas, dans les assemblées générales qui se multiplient dans les entreprises, dans les réunions syndicales, dans les assemblées de grève, sur les piquets, les travailleurs sont unis, quels que soient les syndicats, syndiqués ou non, sur les mêmes revendications. L’urgence, c’est d’en finir avec la division en haut, en finir avec la dispersion délibérée qui sert le gouvernement. Et donc en finir avec la cacophonie.

Il faut qu’en haut aussi s’impose l’unité sur les mêmes revendications. L’unité pour l’organisation de la vraie grève qui fera reculer le gouvernement. Comme le dit l’appel du bureau national du Parti des travailleurs : « À tous les niveaux, forgeons l’unité, l’unité pour les revendications, l’unité pour chasser Macron, son gouvernement, sa politique ! »

11 novembre

Par Daniel Gluckstein

10 novembre, à Wall Street : le cours du bitcoin bat tous ses records, l’indice Dow Jones s’envole, les spéculateurs exultent. L’élection de Trump, soulignent Les Échos, cela signifie que « les nuages de la régulation s’éloignent, les conditions financières s’assouplissent et les conditions macroéconomiques favorables aux États-Unis continuent de briller ».

11 novembre, à Paris : Macron et le Premier ministre britannique Starmer réaffirment leur « détermination à soutenir (Kiev) de façon indéfectible et aussi longtemps que nécessaire ». Trois jours plus tôt, les chefs d’État des vingt-sept pays membres de l’Union européenne réunis à Budapest avaient fait part de leur inquiétude face au lâchage probable de Trump sur l’Ukraine.

11 novembre : le général Burkhard, chef d’état-major des armées (françaises), déclare au Figaro qu’il est « bien normal que les Américains se battent pour le leadership mondial ». Et comme « cette bataille se joue aujourd’hui dans la zone indo-pacifique », les États européens « devront s’adapter collectivement » au désengagement des États-Unis. Ils en ont « les capacités financières, industrielles ou militaires », selon le général. C’est vrai qu’en France, avec une loi de finances qui coupe dans tous les budgets sauf celui de l’armée (en augmentation) et une loi de programmation militaire de 413 milliards d’euros, rien n’est trop beau pour les préparatifs de guerre.

11 novembre, en France : le gouvernement Macron-Barnier, comme tous les gouvernements d’Europe, enfonce le pays toujours plus dans la guerre et l’économie d’armement. Pour cela, il taille massivement dans les budgets de la Sécurité sociale, des services publics, de l’école, prépare des centaines de milliers de suppressions d’emplois publics. De leur côté, les patrons, anticipant sur les mouvements spéculatifs et sur la concurrence américaine, licencient à tour de bras.

11 novembre, à Washington : les chiffres définitifs de l’élection tombent. Kamala Harris perd 10 millions de voix sur Biden en quatre ans. Les dirigeants du mouvement syndical qui ont appelé à soutenir une candidate des milliardaires contre un autre candidat des milliardaires n’ont pas été suivis par les travailleurs.

11 novembre, Gentioux (Creuse) : Jean-Luc Mélenchon prend la parole au rassemblement pacifiste des « fusillés pour l’exemple ». Il déclare : « Si tu prépares la guerre, tu as la guerre. » À qui s’adresse-t-il ? Aux députés de La France insoumise qui, à plus de trente reprises, ont voté au Parlement européen pour les crédits de guerre en Ukraine ?

11 novembre : « en bas », les piquets de grève se multiplient devant les usines frappées par les plans de licenciement, les assemblées d’enseignants dans les écoles se prononcent pour la préparation de la grève, le mot d’ordre de grève illimitée court d’Auchan à la SNCF et d’autres secteurs…

En s’organisant pour se défendre comme classe exploitée et agressée par la classe des exploiteurs, les travailleurs, du public comme du privé, forgent leur unité, pour les revendications, contre la guerre et les gouvernements fauteurs de guerre.

De trop ? De trop !

Par Daniel Gluckstein

Est-il normal qu’Auchan annonce ce 5 novembre 2 389 suppressions d’emplois et la fermeture de plusieurs magasins ? Oui, c’est normal, explique la direction de l’entreprise : l’inflation alimentaire, c’est 20 % en deux ans, les gens achètent moins, donc nous avons perdu de l’argent… Question : qui organise l’inflation alimentaire sinon les grands groupes financiers, « collègues » et concurrents de la famille Mulliez, propriétaire d’Auchan ?

Ce même 5 novembre, Michelin annonce 1 254 suppressions d’emplois et la fermeture des usines de Cholet et de Vannes. Est-ce normal ? Oui, justifie la direction de l’entreprise, puisque les pneus que nous fabriquons sont destinés à des camionnettes dont le marché a connu une baisse significative et donc une réduction drastique de la production.

Ce même 5 novembre, Le Figaro consacre une page à expliquer « comment la France peut supprimer 150 000 postes de fonctionnaires en cinq ans ». Est-ce normal de supprimer ces 150 000 emplois ? Oui, répondent Le Figaro et le gouvernement, car il faut permettre « la stabilisation de la dette publique ». Autrement dit, il faut donner des garanties aux fonds de pension et autres groupes financiers qui spéculent sur la dette publique créée de toutes pièces par les banquiers et les capitalistes !

Normal ? Dans le système capitaliste, seul compte le profit.

On met sur le marché plus de produits alimentaires que le pouvoir d’achat des salariés permet de consommer ? Alors on liquide des productions agricoles entières, et les magasins chargés de les distribuer, et les emplois de ceux qui les vendent !

On produit trop de moyens de transport ? Il faut liquider les usines qui fabriquent des pneus !

On « produit » trop d’enseignants, d’infirmiers, de personnels d’entretien des bâtiments publics, d’éboueurs, de personnes qui prennent en charge les enfants en situation de handicap, de psychologues, d’auxiliaires de puériculture ? Supprimons, supprimons !

À l’écoute de ces nouvelles, tout travailleur doté d’un peu de bon sens se dira que ce monde marche sur la tête : des millions de gens ne mangent pas à leur faim, des millions n’ont pas de travail et l’urgence serait cette liquidation générale ?

Ce n’est pas l’emploi qu’il faut supprimer. C’est cette couche – mince, mais puissante – qui est propriétaire privée de montagnes de capitaux avides de profit et qui, pour cela, revendique de pouvoir détruire ce qui n’est pas assez rentable, emplois, acquis sociaux…

De trop ? C’est le capitalisme qui est de trop ! De trop aussi les gouvernements de droite comme de gauche qui mettent en œuvre les politiques dictées par les fonds de pension et les multinationales. De trop ce gouvernement Macron-Barnier soumis à la dictature du capital qui détruit la civilisation humaine. De trop tous ceux qui, avec lui, prétendent qu’il est « normal » de détourner les richesses produites par le peuple travailleur vers les budgets de guerre et de destruction.

Ceux-là, oui, décidément, gouvernement Macron-Barnier, système capitaliste, institutions de la Ve République, tous ceux-là sont de trop. Dehors !

« Vital », vous avez dit « vital » ?

Par Daniel Gluckstein

On peut être un vieux politicien réactionnaire et expérimenté et perdre pourtant le sens du ridicule. François Bayrou vient de déclarer : « Le 49-3, c’est vital dans la Ve République quand on n’a pas de majorité. »

En bon français, est vital ce qui est « essentiel à la vie ». Alors, comment Bayrou peut-il désigner comme vital un plan Barnier qui réduit le remboursement des médicaments, remet en cause les congés maladie, supprime en masse les emplois dans les services publics, bloque les pensions et maintient le report de deux ans du départ à la retraite, autant de mesures qui diminuent l’espérance de vie en bonne santé de l’immense majorité de la population ?

On l’a compris, ce qui est vital pour Bayrou, ce sont les profits des capitalistes. Et il a raison d’affirmer que le 49-3 permettra de les défendre en toutes circonstances, même sans majorité à l’Assemblée nationale.

Conclusion : ceux qui, dans le mouvement ouvrier, appellent les travailleurs à faire confiance aux manœuvres du Palais-Bourbon pour la défense de leurs intérêts, ceux-là conduisent les travailleurs dans une impasse.

Ce qui est vital pour les travailleurs, c’est de bloquer les plans meurtriers du gouvernement Macron-Barnier.

Trois questions sont posées. Premièrement, oui ou non, s’agit-il de préparer le « tous ensemble » ? La réforme des retraites frappe tous les travailleurs, tout comme l’augmentation du ticket modérateur de la Sécurité sociale qui reste à la charge des assurés sociaux et la remise en cause des services publics. Donc tous les travailleurs sont concernés. Ne nous laissons pas diviser entre fonctionnaires et travailleurs du privé.

Deuxième question : quel est l’objectif du combat qui se prépare ? Il est du devoir de chacun de se prononcer clairement sur cette question. S’agit-il, oui ou non, de bloquer le plan Barnier, qui ne peut se négocier ni en tout ni en partie ? Chacune de ses mesures doit être retirée. L’objectif de la lutte est clair : bloquer le plan, imposer son retrait.

D’où la troisième question. Cet objectif – vital celui-là pour l’immense majorité de la population – ne peut pas être borné par l’impératif de préserver le gouvernement et les institutions. Si pour sauver les droits ouvriers et empêcher un nouveau plongeon dans la misère, plus grave encore que les précédents ; si pour empêcher que disparaisse la Sécurité sociale de 1945, il faut chasser le gouvernement et aussi les institutions réactionnaires de la Ve République, il n’y a pas lieu d’hésiter. S’il faut ouvrir la voie à un gouvernement et à des institutions de la majorité, celle qui n’a que son travail pour vivre, alors les travailleurs ne doivent pas craindre la rupture. Au contraire, c’est en rassemblant ses forces pour bloquer en totalité le plan Barnier de destruction de la Sécurité sociale que la classe ouvrière ouvre la voie à l’établissement d’un gouvernement authentiquement démocratique de défense et de reconquête des droits ouvriers.

Le « problème », c’est l’exploitation capitaliste

 

Par Daniel Gluckstein

« L’exécutif remet l’immigration au premier plan » (Le Monde, 15 octobre). « Migrations, un sujet explosif pour les Vingt-Sept » (Les Échos, 17 octobre). « Immigration, les Européens sur la voie de la fermeté » (Le Figaro, 17 octobre). « L’immigration, Barnier met en scène sa fermeté » (Le Monde, 20 octobre). Pas un jour sans que la presse nationale fasse ses unes sur le même sujet !

Celle de L’Humanité (22 octobre), elle, fait entendre une autre musique : « L’immigration n’est pas le problème. » En effet ! Et ce journal de préconiser « la régularisation des travailleurs sans papiers » comme « une solution de bon sens ». Certes. Est-ce suffisant ?

L’Humanité donne la parole à un dirigeant de la CGT : « Ça arrange une partie du patronat que sur certains métiers on ait des travailleurs qui acceptent n’importe quelles conditions, sans pouvoir se plaindre de quoi que ce soit parce qu’ils n’ont pas de papiers. Des secteurs entiers s’appuient sur ces travailleurs et n’ont surtout pas envie qu’ils soient régularisés parce que quelqu’un qui n’a pas de papiers aura plus de difficultés à faire valoir ses droits. » Parfaitement juste. L’Humanité devrait donc compléter sa une : l’immigration n’est pas le problème, le problème, c’est l’exploitation capitaliste !

Il y a quelques semaines, la Fédération française du bâtiment annonçait qu’il y aurait 150 000 suppressions d’emplois dans ce secteur d’ici à 2025, et même plus de 300 000 en comptant les emplois induits ! Or, selon une récente étude de la Dares, organisme du ministère du Travail, les travailleurs immigrés représentent plus du quart des ouvriers non qualifiés du bâtiment et des travaux publics ; près d’un quart des ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment ; et près de 20 % des ouvriers qualifiés dans les travaux publics. N’y a-t-il pas un rapport entre la suppression massive d’emplois et la chasse aux immigrés ?

Les travailleurs immigrés – surtout quand ils n’ont pas de papiers – relèvent de cette catégorie que Karl Marx, à propos des chômeurs, avait nommée « l’armée de réserve industrielle de la classe capitaliste » : on les prend, on les surexploite et on les renvoie quand le rendement des capitaux investis n’est pas suffisant aux yeux des actionnaires et des fonds de pension !

La régularisation des travailleurs sans papiers est une mesure démocratique légitime. Au-delà, un problème de classe est posé. La chasse aux immigrés est un rouage du mécanisme d’exploitation et de surexploitation de tous les travailleurs, français ou immigrés. C’est donc une attaque contre toute la classe ouvrière. On ne peut y répondre sérieusement sans ouvrir la perspective de chasser le gouvernement des Macron et autre Barnier et d’y substituer un gouvernement des travailleurs défendant, dans tous les domaines, les intérêts de la majorité de la population, celle qui n’a que son travail pour vivre.

C’est pour avancer dans cette voie que le congrès du Parti des travailleurs a lancé un appel à rejoindre ses rangs.

Aurons-nous du Doliprane demain ?

Par Daniel Gluckstein

Pourrons-nous demain nous procurer du Doliprane en pharmacie ? La question est posée depuis que Sanofi – qui vient de recevoir plus de 200 millions du gouvernement – a annoncé la vente de sa filiale Opella, productrice du Doliprane, au fonds d’investissement américain CD&R. Au micro de France Inter, ce 15 octobre, un certain Ferracci, ministre de l’Industrie, se veut rassurant : le gouvernement va « demander à Sanofi et au fonds d’investissement (…) des engagements sur l’emploi industriel »… Et de préciser : « Le Doliprane est produit quasiment exclusivement pour la France. 97 % des ventes de Doliprane se font en France, donc il y a intérêt à maintenir la localisation en France. »

La journaliste – qu’on ne peut soupçonner d’anticapitalisme primaire – rappelle alors que les mêmes engagements avaient été pris par l’Indien Mittal au moment du rachat d’Arcelor et que, « quatre ans après, c’était la fermeture de tous les hauts-fourneaux ».

Réponse embrouillée du ministre qui ne peut rien garantir, ni la poursuite de la commercialisation du Doliprane en France ni même la poursuite de sa production. Car ce que ce menteur « oublie » de dire, c’est que le fonds d’investissement CD&R appartient à la catégorie du « capital-investissement », ce que les Anglo-Saxons appellent « Private Equity ».

Quel en est le principe ? Ces « Private Equity » se définissent eux-mêmes en ces termes : « Les gestionnaires de fonds lèvent des capitaux auprès d’investisseurs. Le fonds identifie et acquiert des entreprises à fort potentiel de croissance. Le fonds travaille avec l’entreprise pour améliorer ses performances. »* Traduisons : pour « améliorer les performances », le fonds liquidera des chaînes de production et des usines entières, supprimera les emplois par milliers… Car « l’objectif est de créer de la richesse et de revendre l’entreprise à un prix supérieur. Les gains sont distribués aux investisseurs après déduction des frais » !

Le fonds CD&R qui se porte acquéreur de la filiale de Sanofi n’a qu’une raison d’être : revendre l’entreprise à un prix supérieur pour permettre des gains à ses investisseurs (et à lui-même). Si pour cela le Doliprane et d’autres médicaments doivent disparaître, les responsables du « Private Equity » n’auront aucune hésitation !

Ce gouvernement de menteurs est tout entier à l’image de son chef Macron dont les liens étroits avec le puissant fonds spéculatif BlackRock sont de notoriété publique.

Mais le peuple travailleur, lui, a besoin de Doliprane et de médicaments. Il a besoin d’un gouvernement qui défende ses intérêts et qui rompe tout lien avec les fonds spéculatifs. Il a besoin d’un gouvernement qui n’ait pas peur de nationaliser sans indemnité ni rachat Sanofi, et toute l’industrie pharmaceutique, pour la réorganiser en monopole public de production de médicaments vendus à prix coûtant et pris en charge par la Sécurité sociale. Avec pour seule préoccupation les besoins des travailleurs et de leurs familles, et non les exigences des spéculateurs. C’est pour un tel gouvernement que combat le Parti des travailleurs. 

#** www.private-equity-valley.com

Ah… si cela avait été Darmanin, Borne ou Attal…

Par Daniel Gluckstein

Sans surprise, la motion de censure contre le gouvernement présentée par les députés du Nouveau Front populaire le 8 octobre n’a pas été adoptée.

Cette motion avançait « deux motifs » pour lesquels le gouvernement devait être censuré. D’une part, « les orientations politiques du gouvernement Barnier » que les signataires dénoncent à juste titre. D’autre part, le fait que « le président de la République aurait dû nommer à Matignon la personnalité proposée par le Nouveau Front populaire (…). Charge ensuite à cette personnalité de proposer un gouvernement au président de la République et de chercher à bâtir des majorités texte par texte. »

Imperturbablement, le NFP persiste à revendiquer un gouvernement de cohabitation avec Macron, appuyé sur « des majorités texte par texte ». Autrement dit, un gouvernement d’alliances avec Macron et des secteurs de la macronie. Un tel gouvernement, s’il voyait le jour, serait-il en capacité, politique et institutionnelle, de décréter les mesures d’urgence qui s’imposent pour prendre l’argent là où il est afin de satisfaire les revendications du peuple travailleur et de la jeunesse ? Poser la question, c’est y répondre…

Il y a pire : la motion reproche à Macron d’avoir nommé un Premier ministre membre d’une formation « qui n’a pas clairement appelé au barrage républicain ». Si on comprend bien, si cela avait été Darmanin, Borne, Attal ou un autre dirigeant macroniste ayant « appelé au barrage républicain », le NFP ne l’aurait pas censuré ?

Mais tandis que le Nouveau Front populaire renouvelle ses offres de cogouvernement avec Macron et d’alliances (barrage ou arc ou front républicain ou union nationale…) avec des partis ouvertement procapitalistes… Barnier présente son plan de 60 milliards d’« économies ». Un plan brutalement anti-ouvrier, qui frappe tous les droits des travailleurs, français ou immigrés, dans tous les domaines. La motion de censure du NFP dénonce dans ces projets « les textes les plus austéritaires des vingt-cinq dernières années ». C’est vrai. Et derrière se profilent d’autres plans encore pires, comme celui de l’Institut Montaigne, qui propose des coupes de 150 milliards d’euros sur le dos des travailleurs.

Toute alliance avec un secteur de la classe capitaliste ne peut aboutir qu’à des mesures toujours plus brutales contre les travailleurs et les jeunes. Barrage ou front républicain, c’est toujours l’alliance avec la bourgeoisie. La satisfaction des revendications ouvrières et jeunes ne peut s’imposer à travers une telle coalition. Pour cela, c’est le barrage ouvrier qui est nécessaire, le front uni des travailleurs et des jeunes.

Cela exige de rejeter toute alliance avec Macron et Barnier et de s’orienter résolument sur la voie de la rupture, pas en mots, mais en actes. Forger le front unique des travailleurs et des organisations pour la satisfaction des revendications, pour bloquer le plan de guerre Macron-Barnier, et au-delà pour les chasser, eux, leur politique et leur Ve République : telle est l’orientation que propose le Parti des travailleurs.

N’en déplaise aux hypocrites de tous bords

Par Daniel Gluckstein


En déclarant que « l’État de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré », le ministre Retailleau s’est attiré les foudres de toutes les bonnes âmes du monde politique, à gauche comme à droite.

Pourtant, Retailleau n’a fait que dire à haute voix ce que tous savent et partagent. À savoir : « Nous respectons l’État de droit aussi longtemps que cela est compatible avec les intérêts de la classe capitaliste que nous représentons. » 

« L’État de droit », cela suppose qu’il y a un droit. Qui codifie le droit ? Le pouvoir politique. Par conséquent, l’État de droit l’emporte sur la toute-puissance du pouvoir politique tant que celui-ci l’accepte et ne décide pas de modifier le droit. C’est ce qui s’est toujours passé. Ceux qui font mine de se récrier sont des hypocrites. 

Retailleau dit en substance : « Nous avons, nous, les héritiers de la Ve République, construit un édifice juridique sur la base d’un coup d’État en 1958, la force du coup d’État l’emportant sur l’État de droit de la IVe République. Aujourd’hui, à nouveau, la force doit primer le droit, et donc le modifier. » 

Finalement, Retailleau fait en petit ce que Netanyahou fait en grand. Certes, Biden et Macron protestent contre l’intervention israélienne au Liban, invoquent le nécessaire respect de la souveraineté de ce pays, appellent à un cessez-le-feu et à la mise en œuvre des principes et des résolutions des Nations unies. Cela, c’est, côté cour, l’« État de droit ».

À quoi Netanyahou répond qu’il respecte une résolution de l’ONU, celle qui a créé l’État d’Israël et nié le droit du peuple palestinien à exister comme nation souveraine. Biden et Macron le réprimandent, mais, côté jardin… ils continuent de lui livrer des armes pour sa guerre d’extermination à Gaza et sa guerre au Liban. 

Au-delà des nuances, Biden et Macron partagent avec Netanyahou cette conviction : le respect de l’État de droit international s’arrête là où il contrevient aux intérêts de l’ordre capitaliste dans la région. 

N’en déplaise aux hypocrites de tous bords, Retailleau comme Netanyahou disent la vérité de la classe capitaliste pour qui la démocratie et l’État de droit ne peuvent jamais être opposés à leurs plans et à leurs exigences. Pour eux, si la logique d’Israël est le génocide à Gaza, alors Israël s’arroge légitimement le droit d’agir ainsi, un droit qui l’emporte sur tout autre droit. De même qu’en France, si la logique du capital est d’avoir les mains libres pour déployer ses plans anti-ouvriers et d’alimenter dans ce but le racisme et la phobie de l’immigré, alors il faut le faire sans hésiter, quitte à enclencher un mécanisme qui ouvre la voie au Rassemblement national. 

Les organisations qui se réclament du combat émancipateur de la classe ouvrière ont mieux à faire que de se joindre au chœur des pleureuses hypocrites de la réaction. Retailleau dit tout haut la vérité capitaliste : la force prime le droit. C’est de forces qu’il s’agit : il revient aux travailleurs d’unir les leurs, avec leurs organisations, pour construire l’action unie qui, précisément, est seule à même d’inverser le rapport des forces.