Et nos affaires courantes, qui s’en soucie ?

Par Daniel Gluckstein

Voici donc le pays géré par un « gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes ». Attal et son patron Macron peuvent donc poursuivre comme avant, comme si Macron n’avait pas été battu et rejeté en trois élections successives sur un mois.

Leurs « affaires courantes », c’est la politique qui, comme on le lira dans ce journal, prépare une rentrée scolaire catastrophique dans le Val-de-Marne : 131 classes supprimées ! Et plus de 300 en Seine-Saint-Denis voisine. Et combien de milliers dans toute la France ?

Nos « affaires courantes », celles des travailleurs et de leurs familles – l’école pour les enfants, l’accès aux soins, le logement, l’emploi, les salaires… –, qui s’en soucie ?

Dans les entreprises, dans les quartiers, les travailleurs s’interrogent : « Qu’est-ce qu’ils font, là-haut, pourquoi cette division ? » De plus en plus nombreux sont ceux qui concluent : « Ils ne veulent pas y aller ! »

Il est vrai que sous la Vᵉ République un gouvernement peut « expédier les affaires courantes » aussi longtemps que le président le décide.

Cela ne semble pas trop déranger Mélenchon qui, dans son blog du 22 juillet, se félicite de la « cohabitation politique d’un genre nouveau » qui découle de ce que « le Nouveau Front populaire a conquis la majorité au bureau de l’Assemblée ». Désormais, s’enflamme-t-il, « le pouvoir à l’Assemblée passe dans les mains du Nouveau Front populaire ». Si les mots ont un sens, si le pouvoir à l’Assemblée est passé dans les mains du NFP, Mélenchon ne devrait-il pas proposer que cette Assemblée nationale décrète la déchéance de la Vᵉ République ? « Dans les mains du NFP », l’Assemblée nationale ne devrait-elle pas convoquer sans délai une Assemblée constituante souveraine engageant la marche vers la 6ᵉ République inscrite dans le programme du NFP ?

Telle n’est pas la préoccupation de Mélenchon. Ce dernier prend soin en revanche de se féliciter de la répartition des postes à l’Assemblée nationale : « Les insoumis y trouvent bien leur compte avec deux vice-présidences, deux secrétaires et la présidence de la commission des finances… » Il est content, Mélenchon… Avec quelques postes haut placés, « les insoumis y trouvent leur compte ». Tant mieux pour eux…

Les travailleurs et leurs familles, les jeunes, eux, ne trouvent pas leur compte dans les conditions sociales qui ne cessent de se dégrader, dans les suppressions d’emplois qui se multiplient, dans le désert hospitalier qui s’étend, dans le désastre de la rentrée scolaire ou dans celui du logement, pas plus qu’ils ne trouvent leur compte dans des salaires toujours plus rognés par l’inflation.

Plus la « gauche » se dérobe au mandat qui lui a été confié le 7 juillet, plus elle conduit les travailleurs à cette conclusion : « Quel que soit le nom du futur locataire de Matignon, nous ne réglerons nos “affaires courantes” que par notre propre mobilisation. Rien ne nous sera donné. C’est par notre propre action que nous arracherons les revendications. » C’est pour aider à ce combat que se construit le Parti des travailleurs, parti de lutte de classe.