Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 441 du 22 mai 2024
Par Daniel Gluckstein
C’est un véritable tsunami social qui s’apprête à déferler sur les travailleurs les plus précaires et les plus fragiles : ceux qui sont privés d’emploi. À partir du 22 mai, la ministre Vautrin présente aux organisations syndicales le plan du gouvernement de « réforme » de l’assurance chômage. Ce plan comprend en particulier deux mesures : le report du déclenchement des droits pour une proportion très importante de chômeurs ; la baisse de la durée maximale d’indemnisation de plusieurs mois.
Selon les estimations de l’Unédic, plus du quart des chômeurs pourraient ainsi voir le déclenchement de leurs droits reporté de plus d’un an… un an de plus sans un seul euro venant de l’assurance chômage ! Selon le résumé qu’en fait le journal du capital Les Échos, ces mesures toucheraient « surtout les publics les plus fragiles : jeunes de moins de vingt-cinq ans, allocataires les moins bien indemnisés (…) et fins de contrat précaire ». Au total, toujours selon l’Unédic, ce pourraient être 7,5 milliards d’euros qui seraient ainsi, chaque année, volés purement et simplement aux chômeurs pour passer sous le contrôle de l’État ! 7,5 milliards volés aux chômeurs alors que cela relève du salaire différé, des droits collectifs de la classe ouvrière face au risque de perte d’emploi.
7,5 milliards… alors que l’assurance chômage est annoncée comme largement excédentaire pour les prochaines années.
7,5 milliards volés aux chômeurs, pourquoi ? Même l’éditorialiste des Échos met en doute les explications bidon du gouvernement : « Si l’Élysée martèle que l’objectif premier n’est pas de réduire les dépenses mais d’inciter à la reprise de l’emploi, l’enjeu budgétaire est majeur. Ce sont plusieurs milliards d’économies qui sont en passe d’être réalisés. »
« Sire, taxons les pauvres, ils sont plus nombreux. » Cette phrase que Colbert aurait adressée à Louis XIV est devenue la ligne de conduite de ce gouvernement. Par tous les moyens, Macron et Attal sont prêts à précipiter des millions de travailleurs dans la misère… pour mieux exonérer les capitalistes du salaire différé qu’ils doivent… et pour mieux financer la guerre !
Alors, bien sûr, ceux qui mettent en garde contre la montée de l’extrême droite ont raison : l’extrême droite est un danger qu’il faut combattre. Mais prenons garde : il n’y a pas eu besoin d’attendre l’arrivée au pouvoir de Mme Le Pen et de M. Bardella pour voir les mesures les plus violemment anti-ouvrières frapper les travailleurs et la jeunesse.
C’est maintenant que Macron-Attal veulent faire déferler sur les chômeurs un tsunami de destruction et de dégradation sociales. C’est maintenant que dans l’unité il faut s’y opposer. C’est maintenant que le combat uni doit permettre de bloquer les politiques réactionnaires anti-ouvrières, anti-chômeurs, anti-jeunes du gouvernement. C’est maintenant, dans le combat pour en finir avec la politique de ce gouvernement, que les choses doivent s’ordonner.
Parce que c’est maintenant que la classe ouvrière et la jeunesse sont menacées dans leur existence.