Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 420 du 20 décembre 2023
Par Daniel Gluckstein
En se mettant d’accord ce 19 décembre sur la loi « Immigration », la nouvelle alliance des macronistes, de la droite et des lepénistes fait coup double. D’une part, elle impose des mesures d’une brutalité sans précédent contre la composante immigrée de la classe ouvrière. D’autre part, par une campagne politique et médiatique dramatisant le moindre incident et l’amalgamant à la situation au Moyen-Orient, elle est parvenue à polariser toute la vie politique sur cette question. Tout, désormais, est prétexte à évoquer le seuil prétendument intolérable atteint par l’immigration et la nécessité de prendre des mesures radicales.
Bien sûr, les Le Pen, Bardella et autres Zemmour et Maréchal se frottent les mains.
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que la droite cède devant l’extrême droite, tandis que le centre cède à la droite et que la gauche, tétanisée, se déchire.
La mise en scène est pourtant grossière. Pour la grande majorité des travailleurs, des jeunes et des familles ouvrières de ce pays, les préoccupations majeures s’appellent : pouvoir d’achat, vie chère, dégradation de l’école, des services publics et des hôpitaux. Tous les travailleurs sont concernés. Tous aussi sont disponibles pour combattre pour les revendications, comme ils l’ont montré dans la mobilisation par millions pour défendre les retraites au début de cette année.
C’est pour empêcher qu’un tel mouvement ne ressurgisse dans les prochains mois que gouvernement et appareils politiques ont ressorti le vieil arsenal de la division raciste. Le discours s’enfle à n’en plus finir : « Français, si vous êtes malheureux, c’est à cause de l’“autre”, de l’immigré, celui qui prend vos emplois et vos allocations, celui qui occupe les logements qui vous sont destinés. »
En réalité, supprimer pour une catégorie de travailleurs des droits communs à tous, c’est se préparer à en priver demain tous les travailleurs.
L’heure est grave. Des partis fidèles à la tradition de la gauche dans ce pays devraient d’une seule voix lancer un appel : « Travailleurs, ne nous laissons pas diviser, l’ennemi n’est pas notre voisin, notre collègue de travail, qui partagent les mêmes conditions d’existence. L’ennemi, c’est le gouvernement, c’est le patronat. »
Des partis de gauche occupés à autre chose que leurs petits règlements de comptes devraient d’une seule voix lancer un appel : « Contre la vie chère, pour les salaires, refusons la division, formons le bloc uni pour combattre pour les revendications et faire reculer gouvernement et patronat. »
À l’alliance raciste et anti-ouvrière de l’extrême droite, de la droite et du gouvernement, la seule réponse est celle de l’unité ouvrière, qui rassemble tous les travailleurs, titre de séjour ou pas, quelles que soient la nationalité et la couleur de la peau.
L’heure est grave. Toi qui nous lis et qui, comme nous, penses que les travailleurs doivent s’unir pour les revendications, contre les lois racistes et pour un gouvernement de la classe laborieuse, pour permettre à tous de vivre dignement, rejoins-nous. Le Parti des travailleurs est le tien.