Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 442 du 29 mai 2024
Par Daniel Gluckstein
Lundi 27 mai : au lendemain du massacre à Rafah, par l’armée israélienne, de civils palestiniens réfugiés dans des tentes, Macron se déclare « indigné ». Il exige « un cessez-le-feu immédiat ». Décide-t-il alors d’interdire les livraisons d’armes à Israël ? D’aucune manière !
Lundi 27 mai : on apprend qu’en vertu d’un accord entre les gouvernements français et ukrainien, des instructeurs militaires français vont se rendre incessamment en Ukraine pour y former des soldats. L’histoire nous enseigne – on l’a vu au Vietnam – que les instructeurs militaires envoyés à l’étranger finissent toujours, à un moment ou à un autre, par ne plus se contenter d’instruire, et s’engagent alors dans le combat.
Lundi 27 mai : réunie à Sofia (Bulgarie), la conférence des États membres de l’OTAN se prononce – gouvernement français inclus – pour la levée des restrictions à l’utilisation d’armes occidentales contre des cibles en territoire russe.
Survenant dans la même journée, ces trois faits illustrent la détermination de Macron à entraîner toujours plus le peuple français dans la guerre.
La veille, son Premier ministre Attal s’était quant à lui chargé d’annoncer une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Objectif avoué : priver de leurs droits des dizaines de milliers de chômeurs – particulièrement des « seniors » et des jeunes –, les condamnant ainsi au dénuement et à la misère.
Guerre à l’intérieur, guerre à l’extérieur, c’est le leitmotiv de ce gouvernement. Guerre à l’extérieur pour alimenter le massacre qui frappe les peuples en Ukraine, en Russie, en Palestine ; guerre à l’intérieur contre les travailleurs, les jeunes et leurs droits.
Rien ne saurait justifier que les organisations et partis politiques, qui se revendiquent de la tradition du mouvement ouvrier et démocratique (ou qui en sont issus), apportent le moindre soutien à Macron. Au contraire, toute sa politique appelle à la réalisation de l’unité pour la combattre.
Pourtant, cette journée du lundi 27 mai s’est achevée sur un curieux débat télévisé entre les principales têtes de liste aux élections européennes. On y a entendu les représentants des différentes listes de « gauche » converger avec la tête de liste macroniste pour faire de Bardella leur adversaire commun.
Qu’il faille couper la route à l’extrême droite et l’empêcher de venir au pouvoir pour appliquer sa politique ultra-réactionnaire et raciste, c’est une évidence. Mais ce n’est certainement pas en reconstituant sans le dire une espèce de « front républicain contre le RN » qu’on y parviendra. Car dans tous les domaines, la politique de Macron est au service de la guerre et de l’exploitation ; elle emprunte au programme de l’extrême droite et lui ouvre la voie.
Défendre la démocratie et les droits des travailleurs, combattre pour la paix, cela exige de réaliser l’unité contre Macron et sa politique. Qu’il s’agisse de son soutien à Israël et de sa volonté de nous entraîner dans la guerre en Ukraine. Ou qu’il s’agisse de forger l’unité des travailleurs et des jeunes pour imposer le retrait de l’infâme réforme contre les chômeurs.