Puisque Macron ne le veut pas…

Par Daniel Gluckstein

Il doit « reconnaître le résultat des élections » et « se remettre à discuter de la formation d’un gouvernement ». Qui parle ? Chloé Ridel, porte-parole du Parti socialiste (France Inter, 12 août). À qui s’adresse-t-elle ? À Macron, en direction de qui elle vante les compétences de Lucie Castets, désignée par le Nouveau Front populaire (NFP) comme candidate au poste de Première ministre.

Il y a quelque chose de pitoyable dans cette supplique. Faut-il rappeler que, depuis sept ans, Macron met en œuvre avec zèle le mandat confié par sa classe : accroître l’exploitation des travailleurs en remettant en cause leurs acquis pour permettre au profit capitaliste d’enfler toujours plus ? Faut-il rappeler que la Constitution de la Ve République donne au président le pouvoir de désigner le (ou la) Premier(e) ministre qui lui convient ? Et que, par conséquent, personne ne peut lui imposer une nomination dont il ne veut pas ?

Il est vain de supplier Macron. Il ne désignera de Premier ministre (issu du NFP ou de la droite ou du centre) qu’à la condition que sa politique ne lèse pas les intérêts capitalistes. Certes, des compromis sont possibles, mais à la marge : cohabitation ou pas, un gouvernement de la Ve République ne peut gouverner contre la classe capitaliste.

Le mandat du 7 juillet est un mandat ouvrier et populaire. Il appelle des mesures radicales : l’augmentation générale des salaires et l’affectation à l’école, aux hôpitaux, aux services publics, au logement social des milliards nécessaires pour répondre aux besoins immédiats. Pour une telle politique de rupture ouvrière et populaire, les moyens doivent être dégagés là où ils sont : dans les profits capitalistes et dans les budgets d’armement, les uns et les autres en constante augmentation.

L’application de ce mandat se heurte à Macron et aux institutions de la Ve République. Les dirigeants du Nouveau Front populaire le savent, comme ils savent que, quel que soit le Premier ministre, Macron s’opposera à toute politique de rupture avec la classe capitaliste.

La seule voie pour mettre en œuvre le mandat du 7 juillet, c’est la mobilisation de masse, la mobilisation de millions qui brisera le carcan de la Ve République. Ce que Macron veut empêcher, le peuple mobilisé et organisé peut l’imposer.

De deux choses l’une.

Ou bien les dirigeants du Nouveau Front populaire renoncent au mandat confié par le peuple, au nom du respect des institutions.

Ou bien, pour respecter le mandat, ils s’engagent sur la voie de la rupture et appellent à organiser la mobilisation générale dans l’unité pour en finir avec la Ve République et pour la convocation d’une Assemblée constituante souveraine. Ainsi pourra se mettre en place une République nouvelle où il sera possible de gouverner pour le peuple travailleur et la jeunesse.

Nombre de dirigeants du Nouveau Front populaire ne manquent aucune occasion d’entonner le refrain des gilets jaunes. Ils ont aujourd’hui la responsabilité de passer de la chanson à l’action : puisque Macron ne le veut pas, le peuple doit imposer le respect de la démocratie.