Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 457 du 18 septembre 2024
Par Daniel Gluckstein
Trois mois se sont écoulés depuis l’ouverture de la crise du régime. À ce stade, une seule certitude : le mandat du gouvernement Barnier, s’il voit le jour, sera de porter aux travailleurs et aux jeunes les coups les plus brutaux, pour permettre aux capitalistes de dégager toujours plus de profits.
Face à cela, quelle perspective pour les travailleurs ?
Le contraire d’un gouvernement pro-capitaliste, ennemi des travailleurs, ce serait un gouvernement pro-travailleurs, ennemi de la classe capitaliste. Est-ce cela que propose le Nouveau Front populaire ?
Ce 17 septembre, toutes ses composantes ont voté pour engager l’examen par l’Assemblée nationale de la proposition législative de destitution de Macron. Si Macron était destitué, les travailleurs ne le pleureraient certes pas. Mais cette hypothèse reste hautement improbable, puisque la Constitution exige une improbable majorité des deux tiers dans les deux chambres pour faire aboutir une telle démarche.
Alors, quelle est la perspective ?
Après avoir voté cette proposition, les dirigeants du Parti communiste se sont rendus, le même jour, chez… Barnier, Fabien Roussel en tête ! Que vont-ils y discuter ? On ne sait pas. Mais il est peu probable que cela aboutisse à un gouvernement pro-travailleurs !
Le Parti socialiste, lui, a voté pour enclencher la procédure de débat à l’Assemblée en précisant que, sur le fond, il votera contre la destitution. Il lui préfère le dépôt d’une motion de censure, plus conforme, selon lui, à la Constitution. Là encore, il est peu probable qu’une telle censure soit votée dans un premier temps. Mais le serait-elle, sur quoi déboucherait-elle ? Une autre combinaison de gouvernement de cohabitation, une autre variété de gouvernement pro-capitaliste et anti-travailleurs, présidé par Macron, conformément à la Constitution ?
Quant à La France insoumise, elle a affirmé par la voix de Mélenchon à la Fête de L’Humanité être favorable à la convocation d’une Assemblée constituante, sans en préciser l’échéance. Mais son tract, intitulé « La destitution par l’article 68, comment ça marche ?», indique clairement que l’initiative reste prisonnière des institutions de la Ve République.
Sous des formes différentes, aucune de ces formations ne veut s’engager dans une logique de rupture.
Un parti décidé à chasser Macron et sa politique et les institutions au service du capital devrait avancer une perspective claire : un gouvernement des travailleurs prenant les mesures indispensables à la classe ouvrière et à la jeunesse, financées par la confiscation des crédits militaires et des profits capitalistes. Cette perspective se heurtant aux institutions de la Ve République, un tel parti devrait appeler à forger l’unité d’action des rangs ouvriers pour imposer cette triple exigence de la démocratie. Et y relier la nécessité de convoquer immédiatement une Assemblée constituante chargée de mettre en place une autre République, authentiquement démocratique. Telle est l’issue politique pour laquelle combat le Parti des travailleurs.