Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 465 du 13 novembre 2024
Par Daniel Gluckstein
10 novembre, à Wall Street : le cours du bitcoin bat tous ses records, l’indice Dow Jones s’envole, les spéculateurs exultent. L’élection de Trump, soulignent Les Échos, cela signifie que « les nuages de la régulation s’éloignent, les conditions financières s’assouplissent et les conditions macroéconomiques favorables aux États-Unis continuent de briller ».
11 novembre, à Paris : Macron et le Premier ministre britannique Starmer réaffirment leur « détermination à soutenir (Kiev) de façon indéfectible et aussi longtemps que nécessaire ». Trois jours plus tôt, les chefs d’État des vingt-sept pays membres de l’Union européenne réunis à Budapest avaient fait part de leur inquiétude face au lâchage probable de Trump sur l’Ukraine.
11 novembre : le général Burkhard, chef d’état-major des armées (françaises), déclare au Figaro qu’il est « bien normal que les Américains se battent pour le leadership mondial ». Et comme « cette bataille se joue aujourd’hui dans la zone indo-pacifique », les États européens « devront s’adapter collectivement » au désengagement des États-Unis. Ils en ont « les capacités financières, industrielles ou militaires », selon le général. C’est vrai qu’en France, avec une loi de finances qui coupe dans tous les budgets sauf celui de l’armée (en augmentation) et une loi de programmation militaire de 413 milliards d’euros, rien n’est trop beau pour les préparatifs de guerre.
11 novembre, en France : le gouvernement Macron-Barnier, comme tous les gouvernements d’Europe, enfonce le pays toujours plus dans la guerre et l’économie d’armement. Pour cela, il taille massivement dans les budgets de la Sécurité sociale, des services publics, de l’école, prépare des centaines de milliers de suppressions d’emplois publics. De leur côté, les patrons, anticipant sur les mouvements spéculatifs et sur la concurrence américaine, licencient à tour de bras.
11 novembre, à Washington : les chiffres définitifs de l’élection tombent. Kamala Harris perd 10 millions de voix sur Biden en quatre ans. Les dirigeants du mouvement syndical qui ont appelé à soutenir une candidate des milliardaires contre un autre candidat des milliardaires n’ont pas été suivis par les travailleurs.
11 novembre, Gentioux (Creuse) : Jean-Luc Mélenchon prend la parole au rassemblement pacifiste des « fusillés pour l’exemple ». Il déclare : « Si tu prépares la guerre, tu as la guerre. » À qui s’adresse-t-il ? Aux députés de La France insoumise qui, à plus de trente reprises, ont voté au Parlement européen pour les crédits de guerre en Ukraine ?
11 novembre : « en bas », les piquets de grève se multiplient devant les usines frappées par les plans de licenciement, les assemblées d’enseignants dans les écoles se prononcent pour la préparation de la grève, le mot d’ordre de grève illimitée court d’Auchan à la SNCF et d’autres secteurs…
En s’organisant pour se défendre comme classe exploitée et agressée par la classe des exploiteurs, les travailleurs, du public comme du privé, forgent leur unité, pour les revendications, contre la guerre et les gouvernements fauteurs de guerre.