Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 469 du 11 décembre 2026
Par Daniel Gluckstein
À l’heure où ce journal part à l’impression, nul ne sait sur quoi vont déboucher les tractations en cours sur la formation du gouvernement. Une seule certitude : la « gauche » revendique de gouverner avec Macron.
Lundi 9 décembre, les dirigeants du PS, du PCF et des Verts ont rencontré Macron à l’Élysée, puis à nouveau mardi 10, en présence du parti macroniste et de la droite. Pour quoi faire ? Les uns parlent d’un accord de non-censure, les autres d’un pacte de non-agression. Envisagent-ils de participer sur cette base à la formation d’un large gouvernement ? PS et Verts y sont prêts s’il est dirigé par le NFP. Roussel (Parti communiste) n’en fait pas une condition. Dans L’Humanité (9 décembre), il prône la conclusion d’« un pacte social et républicain » permettant de « construire des majorités texte par texte » à l’Assemblée nationale.
Aucune de ces trois formations ne remet en cause la légitimité du président. Demander le départ de Macron ? « Sa démission n’est envisageable que si lui-même l’envisage. C’est une décision qui lui revient », martèle Roussel. Précisément : la semaine passée, Macron a écarté toute démission. Pour la « gauche », respectueuse des institutions, la cause est donc entendue : Macron restera.
Faut-il rappeler que, sous la Ve République, c’est le président qui promulgue et signe les textes de loi, que c’est lui qui commande aux armées, dirige la politique internationale, veille au respect des traités internationaux (OTAN, Union européenne…) ? Gouverner sous la présidence de Macron, ce n’est pas « cohabiter », c’est co-gouverner avec lui et sous sa direction.
De son côté, La France insoumise a décliné l’invitation à l’Élysée. Cela n’empêche pas son coordinateur, Manuel Bompard, de faire lui aussi acte d’allégeance au président, déclarant dans L’Humanité du 10 décembre : « Nous sommes prêts à gouverner si Macron se tourne vers nous. » Comment ? « Ce gouvernement devra aller gagner des majorités à l’Assemblée. Lors de la séquence budgétaire, nous avons fait voter plus de 150 amendements par les députés. » Bompard fait ici du Roussel dans le texte. Il va même plus loin puisqu’il annonce que La France insoumise « ne s’opposera pas » à l’adoption de la loi budgétaire spéciale de Macron reconduisant les recettes du budget 2024 pour 2025 !
Au fait, à propos d’agression et de non-agression… Tous ces partis de « gauche » qui envisagent sans sourciller de co-gouverner avec Macron et sous sa direction devraient se poser la question : qui, depuis sept ans, agresse les travailleurs et les jeunes, s’attaque à la Sécurité sociale, aux droits, aux salaires, aux services publics ? Qui, sinon Macron ?
Contre cette agression, la grève massive du 5 décembre a dressé les revendications communes à tous les travailleurs de la fonction publique, unis avec leurs syndicats.
Aucune cohabitation, aucun co-gouvernement avec Macron ! Dehors !
Un seul gouvernement est acceptable pour le peuple travailleur : celui qui satisfera les revendications et qui, pour cela, ne craindra pas de prendre les moyens là où ils sont, dans la poche des actionnaires et dans les budgets militaires