Aurons-nous du Doliprane demain ?

Par Daniel Gluckstein

Pourrons-nous demain nous procurer du Doliprane en pharmacie ? La question est posée depuis que Sanofi – qui vient de recevoir plus de 200 millions du gouvernement – a annoncé la vente de sa filiale Opella, productrice du Doliprane, au fonds d’investissement américain CD&R. Au micro de France Inter, ce 15 octobre, un certain Ferracci, ministre de l’Industrie, se veut rassurant : le gouvernement va « demander à Sanofi et au fonds d’investissement (…) des engagements sur l’emploi industriel »… Et de préciser : « Le Doliprane est produit quasiment exclusivement pour la France. 97 % des ventes de Doliprane se font en France, donc il y a intérêt à maintenir la localisation en France. »

La journaliste – qu’on ne peut soupçonner d’anticapitalisme primaire – rappelle alors que les mêmes engagements avaient été pris par l’Indien Mittal au moment du rachat d’Arcelor et que, « quatre ans après, c’était la fermeture de tous les hauts-fourneaux ».

Réponse embrouillée du ministre qui ne peut rien garantir, ni la poursuite de la commercialisation du Doliprane en France ni même la poursuite de sa production. Car ce que ce menteur « oublie » de dire, c’est que le fonds d’investissement CD&R appartient à la catégorie du « capital-investissement », ce que les Anglo-Saxons appellent « Private Equity ».

Quel en est le principe ? Ces « Private Equity » se définissent eux-mêmes en ces termes : « Les gestionnaires de fonds lèvent des capitaux auprès d’investisseurs. Le fonds identifie et acquiert des entreprises à fort potentiel de croissance. Le fonds travaille avec l’entreprise pour améliorer ses performances. »* Traduisons : pour « améliorer les performances », le fonds liquidera des chaînes de production et des usines entières, supprimera les emplois par milliers… Car « l’objectif est de créer de la richesse et de revendre l’entreprise à un prix supérieur. Les gains sont distribués aux investisseurs après déduction des frais » !

Le fonds CD&R qui se porte acquéreur de la filiale de Sanofi n’a qu’une raison d’être : revendre l’entreprise à un prix supérieur pour permettre des gains à ses investisseurs (et à lui-même). Si pour cela le Doliprane et d’autres médicaments doivent disparaître, les responsables du « Private Equity » n’auront aucune hésitation !

Ce gouvernement de menteurs est tout entier à l’image de son chef Macron dont les liens étroits avec le puissant fonds spéculatif BlackRock sont de notoriété publique.

Mais le peuple travailleur, lui, a besoin de Doliprane et de médicaments. Il a besoin d’un gouvernement qui défende ses intérêts et qui rompe tout lien avec les fonds spéculatifs. Il a besoin d’un gouvernement qui n’ait pas peur de nationaliser sans indemnité ni rachat Sanofi, et toute l’industrie pharmaceutique, pour la réorganiser en monopole public de production de médicaments vendus à prix coûtant et pris en charge par la Sécurité sociale. Avec pour seule préoccupation les besoins des travailleurs et de leurs familles, et non les exigences des spéculateurs. C’est pour un tel gouvernement que combat le Parti des travailleurs. 

#** www.private-equity-valley.com