Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 460 du 9 octobre 2024
Par Daniel Gluckstein
Sans surprise, la motion de censure contre le gouvernement présentée par les députés du Nouveau Front populaire le 8 octobre n’a pas été adoptée.
Cette motion avançait « deux motifs » pour lesquels le gouvernement devait être censuré. D’une part, « les orientations politiques du gouvernement Barnier » que les signataires dénoncent à juste titre. D’autre part, le fait que « le président de la République aurait dû nommer à Matignon la personnalité proposée par le Nouveau Front populaire (…). Charge ensuite à cette personnalité de proposer un gouvernement au président de la République et de chercher à bâtir des majorités texte par texte. »
Imperturbablement, le NFP persiste à revendiquer un gouvernement de cohabitation avec Macron, appuyé sur « des majorités texte par texte ». Autrement dit, un gouvernement d’alliances avec Macron et des secteurs de la macronie. Un tel gouvernement, s’il voyait le jour, serait-il en capacité, politique et institutionnelle, de décréter les mesures d’urgence qui s’imposent pour prendre l’argent là où il est afin de satisfaire les revendications du peuple travailleur et de la jeunesse ? Poser la question, c’est y répondre…
Il y a pire : la motion reproche à Macron d’avoir nommé un Premier ministre membre d’une formation « qui n’a pas clairement appelé au barrage républicain ». Si on comprend bien, si cela avait été Darmanin, Borne, Attal ou un autre dirigeant macroniste ayant « appelé au barrage républicain », le NFP ne l’aurait pas censuré ?
Mais tandis que le Nouveau Front populaire renouvelle ses offres de cogouvernement avec Macron et d’alliances (barrage ou arc ou front républicain ou union nationale…) avec des partis ouvertement procapitalistes… Barnier présente son plan de 60 milliards d’« économies ». Un plan brutalement anti-ouvrier, qui frappe tous les droits des travailleurs, français ou immigrés, dans tous les domaines. La motion de censure du NFP dénonce dans ces projets « les textes les plus austéritaires des vingt-cinq dernières années ». C’est vrai. Et derrière se profilent d’autres plans encore pires, comme celui de l’Institut Montaigne, qui propose des coupes de 150 milliards d’euros sur le dos des travailleurs.
Toute alliance avec un secteur de la classe capitaliste ne peut aboutir qu’à des mesures toujours plus brutales contre les travailleurs et les jeunes. Barrage ou front républicain, c’est toujours l’alliance avec la bourgeoisie. La satisfaction des revendications ouvrières et jeunes ne peut s’imposer à travers une telle coalition. Pour cela, c’est le barrage ouvrier qui est nécessaire, le front uni des travailleurs et des jeunes.
Cela exige de rejeter toute alliance avec Macron et Barnier et de s’orienter résolument sur la voie de la rupture, pas en mots, mais en actes. Forger le front unique des travailleurs et des organisations pour la satisfaction des revendications, pour bloquer le plan de guerre Macron-Barnier, et au-delà pour les chasser, eux, leur politique et leur Ve République : telle est l’orientation que propose le Parti des travailleurs.