Auteur/autrice : Jacno
Surdité ?
Editorial de La Tribune des Travailleurs n° 440 du 15 mai 2024
Par Daniel Gluckstein

Il y a un reproche qu’on ne peut pas faire à Macron, c’est d’avancer masqué. Dans l’« auto-interview » qu’il a postée sur X le 11 mai, il a été direct : « On a un modèle qui pendant des décennies a fonctionné, qui a permis de financer le modèle social (…) le plus généreux du monde (…), eh bien aujourd’hui, on a un grand risque de décrochage (…), on réglemente trop. » D’où la dé-réglementation contre la Sécu, les retraites, les chômeurs, etc., véritable guerre à l’intérieur contre les travailleurs et les jeunes.
Direct encore, Macron, concernant la guerre à l’extérieur, en Ukraine : « Il faut être dissuasifs et crédibles vis-à-vis parfois de nos adversaires en leur disant “si vous allez trop loin et que vous menacez mes intérêts, ma propre sécurité, alors je n’exclus pas d’intervenir.” »
Continue reading “Surdité ?”Vendredi 10 mai 2024 – Conférence de presse du PT Vaucluse
Le 10 mai, notre Parti a tenu une conférence de Presse au Bar “Le Marseillais” à Avignon. “La Provence” et “La Marseillaise” en ont rendu compte dans leur édition du 11 mai.
La Provence du 11 mai
La Marseillaise du 11 mai


L’unité du combat pour la paix
Editorial de La Tribune des Travailleurs n° 439 du 7 mai 2024
Par Daniel Gluckstein

Le 2 juin prochain, à la tribune du meeting internationaliste organisé par le Parti des travailleurs, se tiendront côte à côte un militant russe opposé à la guerre organisée par Poutine, un militant ukrainien opposé à la guerre organisée par le gouvernement Zelensky et l’OTAN, un militant palestinien combattant pour une seule Palestine laïque et démocratique sur tout le territoire historique de la Palestine.
Cette présence exprime l’unité du combat pour la paix. Car c’est une seule et même guerre que, sous des formes différentes, mène l’impérialisme. Au Moyen-Orient pour y maintenir le système d’oppression coloniale et de discrimination imposé au peuple palestinien ; et en Europe où la mort et la désolation ravagent les peuples en conséquence de la lutte que se livrent deux blocs d’oligarques et de multinationales avides de profits et de zones d’influence.
Le combat pour la paix et la fraternité entre les peuples suppose de ne pas financer la guerre, ni d’un côté ni de l’autre. En France, cela passe par cette double revendication : arrêt des livraisons d’armes à Israël, arrêt du financement de la guerre en Ukraine. Ces exigences s’opposent au va-t-en-guerre Macron, qui ne manque aucune occasion d’en rajouter dans la radicalité guerrière : « Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s’il y avait une demande ukrainienne, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, on devrait légitimement se poser la question » d’une intervention directe française en Ukraine, a-t-il déclaré le 2 mai.
Et de préciser : « Quelle crédibilité auraient les Européens qui auraient dépensé des milliards, qui auraient dit que c’est la survie du continent qui se jouait là et qui ne se seraient pas donné les moyens de stopper la Russie ? Donc oui, nous ne devons rien exclure. » Si l’on comprend bien Macron, l’ampleur des sommes investies en Ukraine par les gouvernements de l’Union européenne, l’OTAN et les États-Unis exige un retour sur investissement. Pour que leurs intérêts impérialistes l’emportent en Ukraine, tout doit être mis en œuvre. Ce que dit ouvertement le maire d’extrême droite de Béziers, Robert Ménard, en appui aux propos de Macron : « Je suis prêt à ce que des jeunes garçons et des jeunes filles aillent se faire tuer pour l’Ukraine. »
Les choses sont dites clairement : des milliards sont investis dans la guerre en Ukraine, ils doivent rapporter par tous les moyens.
Ce qui pose une question : comment appeler ceux qui, « à gauche », affirment s’opposer à l’envoi des troupes, mais ont voté et votent (lire page 3 dans ce journal) toutes les demandes de financement de la guerre en Ukraine ? Dans le meilleur des cas, on les désignera comme des hypocrites.
« Pas un sou, pas une arme, pas un homme pour la guerre ! » : ce mot d’ordre tisse un lien d’unité et de fraternité entre tous les peuples, de Moscou et Kiev à Gaza, Washington et Paris.
C’est une seule et même guerre qu’il faut combattre
Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 438 du 30 avril 2024

Par Daniel Gluckstein
À l’heure où ces lignes sont rédigées, le monde a les yeux tournés vers Rafah. Si l’intervention annoncée de l’armée israélienne avait lieu, elle y ferait des milliers de victimes s’ajoutant aux près de 40 000 morts déjà provoquées.
Au même moment, la guerre s’intensifie au centre de l’Europe. Macron franchit un cran en proposant une « défense européenne » mutualisant l’arme nucléaire.
Le monde marche à la guerre…
Pourtant, ceux qui, « à gauche », condamnent le soutien apporté par les gouvernements capitalistes à Netanyahou refusent de condamner le soutien apporté par les mêmes gouvernements à Zelensky. Les mêmes qui, « à gauche », demandent l’arrêt des livraisons d’armes à Israël refusent de condamner les livraisons d’armes à l’Ukraine. Pire, au Congrès américain comme au Parlement européen, ces « députés de gauche » votent pour ces livraisons d’armes.
Les deux questions peuvent-elles être séparées ? En soumettant au vote le même jour et dans un même mouvement les 61 milliards d’« aide à l’Ukraine » et les 26 milliards d’« aide à Israël », Biden a parlé clairement : c’est une seule et même guerre qu’il mène contre les travailleurs et les peuples.
Macron le sait, membre de la même alliance – l’OTAN –, dirigée par l’impérialisme américain.
On nous objecte parfois : « L’Ukraine, ce n’est pas pareil » car, en face, Poutine la menace. Que Poutine soit un ennemi de la classe ouvrière, de la démocratie et des libertés, cela ne fait aucun doute. Mais qui peut croire que c’est par amour de la liberté et de la souveraineté des peuples que Macron finance la guerre en Ukraine ? Si sa motivation était d’aider un peuple soumis à l’invasion étrangère, pourquoi n’arme-t-il pas le peuple palestinien qui, depuis soixante-quinze ans, est victime de la colonisation israélienne ?
Non, personne ne peut croire que Macron et Biden sont poussés par l’amour de la liberté. C’est la préservation de l’« ordre » impérialiste qui les amène à s’engager au Moyen-Orient derrière Netanyahou. C’est pour défendre les intérêts des oligarques de Washington et de Paris contre ceux des oligarques de Moscou qu’ils s’engagent en Ukraine.
Biden, Macron et Poutine sont d’accord sur un point : les « grandes puissances » ont le droit de décider à la place des peuples. Leur désaccord porte sur un point : les décisions doivent-elles être prises à Washington ou à Moscou ?
La politique de chaque gouvernement impérialiste forme un tout. En ce qui concerne les travailleurs et les jeunes en France, ils constatent que ce gouvernement Macron mène à l’extérieur une guerre pour défendre les intérêts capitalistes de la même manière qu’il mène en France la guerre contre les intérêts des travailleurs et de la jeunesse.
Voilà pourquoi le mot d’ordre « Pas un sou, pas une arme, pas un homme pour la guerre ! » s’oppose aussi bien à la politique de Macron à l’extérieur – au Moyen-Orient, en Europe centrale, en Afrique… – qu’à sa politique à l’intérieur contre les travailleurs et la jeunesse.
Maternité d’Urbain V d’Avignon menacée de fermeture !
- Nationalisation de la clinique pour assurer la continuité des soins !
- Réquisition de la clinique, avec ses plateaux techniques et son personnel !
- Unité pour le maintien de l’activité de cette clinique dans le cadre du service public !
Compte-rendu de la réunion du samedi 13 avril 2024
Nous étions 13 participants à la réunion publique pour la nationalisation de la maternité puis de la clinique Urbain V dont 2 journalistes de la Provence et du Vaucluse, un représentant du PCF, une représentante de Femmes Solidaires 84. Ainsi que Ludivine Fillière qui a lancé la pétition contre la fermeture qui a à ce jour rassemblé plus de 1300 signatures sur internet),
Après une introduction sur la base de notre tract et des échos de notre campagne, une discussion s’engage, où une dizaine de participants prennent la parole. Les avis convergent contre la fermeture, accusant la recherche du profit capitaliste par le groupe ELSAN, la politique de destruction de la santé, des hôpitaux. Les militants du PT insistent sur le fait qu’il ne peut être question de faire une supplique au groupe ELSAN pour maintenir la maternité et la clinique, mais qu’il s’agit d’exiger de l’Etat qu’il prenne ses responsabilités pour assurer la santé et donc place la maternité et la clinique dans le cadre du service public.
Le militant du PCF prend souvent la parole, donnant son accord pour l’unité et pour un comité, disant même qu’il ne faut pas sortir de là sans des décisions …
Notre proposition est de créer un comité dans la perspective d’une délégation à l’ARS avec un rassemblement : un projet de pétition est alors distribué à tous les participants. La seule modification au texte est dans le titre : “Pour le maintien” à la place de “Contre la fermeture”.
Le militant du PCF demande le week-end pour en référer à son parti, se rapprocher de la CGT, et qu’on échange par internet. L’initiatrice de la pétition est d’accord pour travailler avec nous sur la base de ce texte.
A suivre très prochainement !
Vaucluse Matin du 14 avril

La Provence du 14 avril

Projet de pétition soumis à la réunion du 13 avril :
Comité pour la nationalisation de la clinique Urbain V
adresse électronique ?
Non à la fermeture de la maternité puis de la clinique Urbain V :
nationalisation pour assurer la continuité des soins !
Nous, habitants d’Avignon et des environs, estimons inacceptable l’annonce faite par voie de presse par le groupe privé ELSAN de la fermeture de la maternité Urbain V en 2025, première étape de la fermeture complète de la clinique.
Pour le groupe ELSAN, et la direction de la clinique au service des actionnaires, il s’agit de maximiser les profits. Pour la population locale, il s’agit d’une mise en danger par manque d’infrastructures de santé.
Nous savons que l’hôpital Henri Duffaut d’Avignon manque de moyens, qu’il n’aura pas dans les conditions actuelles les moyens d’assurer le surcroît prévisible de centaines de suivis de grossesse et d’accouchements.
Et tout projet de concentration des services de maternité en un seul hôpital serait nuisible à un bon maillage territorial : la mise en distance de la population et des services publics peut mettre en danger des patientes et leurs enfants.
Les locaux, les équipements, les plateaux techniques et les personnels existent : il revient à l’État de prendre ses responsabilités et de ne pas laisser des actionnaires guidés essentiellement par le profit plonger les femmes enceintes, leurs enfants et leur famille dans une situation qui s’annonce catastrophique.
Nous nous adressons à l’Agence Régionale de Santé et au gouvernement pour le maintien de l’activité de la maternité et de la clinique dans le cadre du service public.
Établir les faits pour comprendre et agir
Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 437 du 24 avril 2024
Par Daniel Gluckstein

Fabriquer un journal est un art : rédiger titres, sous-titres, intertitres, choisir ce qui sera en gros et ce qui sera en petit, dire les faits, certes, mais sans contrarier les options politiques du propriétaire du journal…
Prenez Les Échos du 22 avril. Un titre barre une page, en gros caractères : « Une aide massive à l’Ukraine franchit une étape cruciale au Congrès américain ». Soixante et un milliards de dollars, c’est une somme en effet ! En petits caractères, cette précision : « L’essentiel de l’enveloppe bénéficiera à l’armée américaine et aux entreprises de défense du pays. » En tout petits caractères, le détail de cette « aide » : 23 % des 61 milliards permettront « à l’Ukraine de se réarmer en achetant des équipements et des munitions à l’industrie de défense américaine » et 38 % iront « au réapprovisionnement des systèmes d’armes et de munitions de l’armée américaine ». Grâce à quoi il sera possible, se félicite le chef des républicains au Sénat, « de reconstruire et de moderniser notre armée, de restaurer notre crédibilité (…) pour garantir nos intérêts ».
Ainsi donc plus de 61 % des sommes promises « à l’Ukraine » iront directement à l’armée des États-Unis et à son industrie de guerre ! Sans parler du reste de ces crédits qui, pour une bonne part, servira aussi à faire fructifier le capital financier…
Les Échos soulignent que cette « aide à l’Ukraine » a vu le jour grâce à l’accord au Congrès entre démocrates et républicains. Mais le quotidien des capitalistes oublie de signaler que parmi les démocrates siègent deux députés « socialistes » qui ont voté comme les autres l’aide à l’armée et à l’industrie de guerre. Ainsi va un certain journalisme, avec les informations que l’on minimise, celles que l’on maximise, celles que l’on passe sous silence…
À propos de ces « socialistes » américains d’une générosité sans limites pour la guerre, on notera que la représentante de leur parti – Democratic Socialists of America (DSA) –s’exprimera bientôt dans une assemblée publique à Paris. L’hebdomadaire qui annonce sa venue oublie de préciser que les députés de ce parti viennent de voter 61 milliards pour la guerre américaine. Décidément, faire un journal est un art …
À La Tribune des travailleurs, nous ne pratiquons pas cet art. Notre journal est rédigé et fabriqué par des militants ouvriers qui estiment devoir établir devant les travailleurs les faits afin qu’ils puissent comprendre pour agir. Les faits sur la guerre qui se propage au centre de l’Europe. Les faits sur la véritable nature de « l’aide » des États-Unis et de l’Union européenne qui n’a pour objectif ni la paix, ni la démocratie, ni la souveraineté de l’Ukraine.
Lecteurs qui êtes résolument opposés à la guerre que se font les oligarques de tous bords en sacrifiant la vie de centaines de milliers de travailleurs et de jeunes d’Ukraine et de Russie ; vous qui partagez notre volonté de mettre un terme à une boucherie dont le seul fondement est la recherche du profit capitaliste :
rejoignez-nous dans la campagne autour de l’appel « Pas un sou, pas une arme, pas un homme pour la guerre ! »
Un nouveau cran est franchi
Remise en cause des libertés démocratiques après la condamnation du secrétaire général de l’union départementale CGT du Nord et l’interdiction de la conférence prévue à Lille par Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise
Suppression des catégories A, B et C, salaire « au mérite »,« lever le tabou des licenciements »
Le gouvernement déclare la guerre aux fonctionnaires !
Un scandale peut en cacher un autre
Editorial de La Tribune des Travailleurs n° 436 du 17 avril 2024

Ils ont raison tous ceux – journalistes et représentants de la gauche, de la plus modérée à la plus extrême – qui dénoncent le scandale des émoluments proposés au P-DG de Stellantis, Carlos Tavares : plus de 36 millions d’euros, en augmentation de 56 % par rapport à l’année précédente ! Trente-six millions d’euros : 2 000 fois le salaire d’un ouvrier de Stellantis !
Scandaleux, en effet ! Mais faut-il s’arrêter là ?
Les premiers à dénoncer les sommes exorbitantes promises à Tavares ont été… certains des actionnaires de Stellantis. Mais au fait : où seraient allées les sommes soustraites à Tavares si telle avait été la décision ? Aux actionnaires sans doute.
Il faut dire que cette entreprise a réalisé sur l’année écoulée plus de 18 milliards d’euros de bénéfices sur lesquels près de 8 milliards seront distribués aux actionnaires, sous forme de dividendes et de rachats d’action. Traduisons : quand Tavares va gagner l’équivalent du salaire de 2 000 ouvriers, les actionnaires vont empocher l’équivalent du salaire de plus de 400 000 ouvriers !
C’est d’ailleurs vrai pour l’ensemble de l’industrie automobile. L’agence de presse spécialisée dpa-AFX, qui fait autorité en la matière, indique que pour l’année écoulée les seize groupes automobiles les plus importants ont réalisé un chiffre d’affaires total de plus de 2 000 milliards d’euros et un bénéfice avant intérêts et impôts de 176 milliards ! Cela représente le salaire durant la même période de plus de 9 millions d’ouvriers de l’automobile. Et on peut évaluer la part de ces bénéfices reversés aux actionnaires à l’équivalent du salaire de 4 millions d’ouvriers.
C’est pourquoi, à ceux qui s’émeuvent – plus ou moins sincèrement selon les cas – des revenus accordés à Tavares, les travailleurs sont en droit de dire : regardez au-delà de Tavares, le scandale, c’est le système capitaliste lui-même qui transforme en profits et dividendes la sueur, la santé et le sang arrachés à l’ouvrier parfois dans les pires conditions d’exploitation !
Cela a un rapport avec la question de la guerre. La même dépêche de l’agence dpa-AFX indique que l’un des problèmes auxquels sont confrontés les constructeurs automobiles américains, européens et japonais, c’est que les ventes en Chine sont au point mort, qu’il faudrait les dynamiser, surtout qu’au même moment les constructeurs chinois de voitures électriques envahissent « nos » marchés nationaux. En un mot : l’heure est venue pour ces dirigeants capitalistes que la Chine soit mise au pas. Cela n’a-t-il pas un rapport avec la menace d’extension de la guerre impérialiste, en direction de la Chine particulièrement ?
Alors que la situation des travailleurs et des jeunes ne cesse de se dégrader, tandis que la marche à la guerre étend son ombre inquiétante sur tous les continents, les mots d’ordre simples de « confiscation des dividendes et des profits ! », de « socialisation des moyens de production ! » et de « gouvernement des travailleurs » pour les mettre en œuvre sont plus que jamais à l’ordre du jour.
À bas la guerre ! À bas l’exploitation ! À bas le capitalisme !