Et si Macron ne le permet pas ?

Par Daniel Gluckstein

Quittant Matignon, l’ex-Première ministre a recommandé à son successeur de « poursuivre les réformes ». Borne n’a pas lieu de s’inquiéter : elle et Attal, membres du même gouvernement, ont porté ensemble les contre-réformes de Macron. Attal continuera, en zélé serviteur des intérêts capitalistes.

Aucune confiance en revanche ne peut être accordée à ce gouvernement par les travailleurs et les jeunes. C’est une évidence.

La température étant descendue à Paris au-dessous de zéro, Ian Brossat, sénateur PCF, lance dans L’Humanité un appel « à la réquisition » des logements vides. Des milliers de sans-abri parisiens sont concernés, dont des centaines d’enfants scolarisés. Brossat étant l’adjoint chargé du logement auprès de Madame Hidalgo, maire de la capitale, on se dit qu’une telle réquisition devrait pouvoir s’imposer sans difficulté.

Erreur.

D’abord, parce que Brossat, maire adjoint de Paris chargé du logement durant près de dix ans, ne l’est plus depuis octobre 2023. En dix ans, il avait toute possibilité de réquisitionner. D’autant que, comme il l’indique lui-même, « à Paris, plus de 20 000 logements sont vides depuis plus de deux ans. Ces logements et bâtiments retirés du marché alimentent la spéculation ». Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Apparemment, l’idée ne lui en est venue… qu’après avoir quitté cette responsabilité.

On se dira : qu’à cela ne tienne, rien ne lui interdit de proposer à la majorité municipale parisienne composée de son parti, du Parti socialiste et d’Europe Écologie Les Verts de décréter la réquisition.

Certes, rien ne le lui interdit. Mais ce n’est pas cela que propose Brossat, qui précise : « Nous demandons que le gouvernement permette à la Ville de les réquisitionner. » Qui peut croire que ce gouvernement qui s’attaque à tous les droits des travailleurs et pille les ressources de la nation au profit de l’armée et des capitalistes va brusquement changer d’orientation ? Qui peut croire ce gouvernement Macron-Attal disposé à « permettre » que l’on empiète sur la sacro-sainte propriété privée des spéculateurs immobiliers ?

La réquisition est pourtant d’une urgence absolue. Ce n’est pas en suppliant Macron de la « permettre » qu’elle aura lieu.

Répétons-le : des centaines d’enfants dorment dans la rue à Paris comme des milliers d’adultes. Et au total, des centaines de milliers dans toute la France. La réquisition comme réponse immédiate et le logement pérenne dans des conditions dignes de toutes les familles privées de toit sont des exigences démocratiques vitales.

Si des élus respectueux du mandat qui leur a été confié prennent leurs responsabilités en décrétant la réquisition, nul doute – même si l’État veut leur barrer la route – qu’ils seront soutenus par la population.

Si d’autres élus n’envisagent leur rôle que dans les limites permises par Macron, qu’ils aient au moins la décence de se taire.

Réquisition maintenant, tout de suite de tous les logements vides ! Pas un enfant, pas une famille ne doit dormir dehors !