Éditorial de La Tribune des travailleurs n° 426 du 7 février 2024
Par Daniel Gluckstein
Quatre mois se sont écoulés depuis le 7 octobre. Gaza, rasée, compte plus de cent mille morts et blessés. Privés de nourriture et de soins, réfugiés dans des abris précaires au milieu des décombres, les rescapés survivent au jour le jour dans l’angoisse des prochains bombardements.
Car le massacre se poursuit. De temps à autre, les gouvernements capitalistes demandent à Netanyahou d’introduire un peu d’humanité dans son entreprise génocidaire… pour mieux poursuivre, sans relâche, leur fourniture d’armes à Israël.
C’est un fait : Israël ne pourrait prolonger son offensive meurtrière plus de deux ou trois jours si ces livraisons d’armes et de munitions cessaient. C’est pourquoi les véritables partisans de la paix se doivent d’exiger : l’arrêt des bombardements, la levée du siège et surtout l’arrêt des livraisons d’armes et de leur financement.
Dans ces circonstances, on a du mal à comprendre que Jean-Luc Mélenchon et une demi-douzaine de députés de La France insoumise aient choisi le siège des Nations unies à Genève comme destination de leur manifestation pour le cessez-le-feu samedi dernier, Mélenchon précisant : « Heureusement qu’il y a l’ONU parce que sinon, il n’y aurait que la barbarie. »
Faut-il rappeler que c’est un vote de l’ONU qui, en 1947, a décidé l’injuste partition de la Palestine, niant purement et simplement le droit du peuple palestinien à se constituer en nation et ouvrant la voie au déferlement de barbarie ? Faut-il rappeler que ce vote a été rendu possible parce que, conformément aux règles des Nations unies, aucun membre permanent du Conseil de sécurité ne s’y était opposé ?
C’est un leurre de prétendre que le cessez-le-feu dépendrait de l’ONU. Toute décision de l’ONU dépend de son Conseil de sécurité, donc des cinq grands pays qui y disposent d’un droit de veto. À commencer par l’administration des États-Unis.
S’adresser à l’ONU pour lui demander d’imposer un cessez-le-feu, c’est détourner l’attention des véritables responsables. L’arrêt du massacre ne se décidera pas à l’ONU ni même aux abords de son siège à Genève ou ailleurs. Disons-le clairement : c’est à l’Élysée, c’est à la Maison-Blanche qu’il faut aller manifester pour exiger des responsables qu’ils cessent de livrer des armes et priver ainsi l’entreprise génocidaire de ce qui la rend possible.
S’ils veulent être pris au sérieux, les responsables des organisations ouvrières et tous ceux qui se disent attachés à la cause de la paix doivent cesser d’agiter le leurre de l’ONU*. C’est contre Biden et les gouvernements impérialistes que doit s’orienter la mobilisation pour : « Plus un sou, plus une arme pour Israël. »
En France, c’est contre Macron que le combat doit s’ordonner, car c’est son gouvernement qui, à l’extérieur, arme et finance la guerre à Gaza et en Ukraine et qui, à l’intérieur, mène la guerre contre les travailleurs et la jeunesse.n
* Leurre aussi que l’appel à soutenir en France le syndicat américain UAW qui, certes, s’est prononcé pour le cessez-le-feu… pour immédiatement ensuite apporter son soutien à Biden aux prochaines élections !