Le « problème », c’est l’exploitation capitaliste

 

Par Daniel Gluckstein

« L’exécutif remet l’immigration au premier plan » (Le Monde, 15 octobre). « Migrations, un sujet explosif pour les Vingt-Sept » (Les Échos, 17 octobre). « Immigration, les Européens sur la voie de la fermeté » (Le Figaro, 17 octobre). « L’immigration, Barnier met en scène sa fermeté » (Le Monde, 20 octobre). Pas un jour sans que la presse nationale fasse ses unes sur le même sujet !

Celle de L’Humanité (22 octobre), elle, fait entendre une autre musique : « L’immigration n’est pas le problème. » En effet ! Et ce journal de préconiser « la régularisation des travailleurs sans papiers » comme « une solution de bon sens ». Certes. Est-ce suffisant ?

L’Humanité donne la parole à un dirigeant de la CGT : « Ça arrange une partie du patronat que sur certains métiers on ait des travailleurs qui acceptent n’importe quelles conditions, sans pouvoir se plaindre de quoi que ce soit parce qu’ils n’ont pas de papiers. Des secteurs entiers s’appuient sur ces travailleurs et n’ont surtout pas envie qu’ils soient régularisés parce que quelqu’un qui n’a pas de papiers aura plus de difficultés à faire valoir ses droits. » Parfaitement juste. L’Humanité devrait donc compléter sa une : l’immigration n’est pas le problème, le problème, c’est l’exploitation capitaliste !

Il y a quelques semaines, la Fédération française du bâtiment annonçait qu’il y aurait 150 000 suppressions d’emplois dans ce secteur d’ici à 2025, et même plus de 300 000 en comptant les emplois induits ! Or, selon une récente étude de la Dares, organisme du ministère du Travail, les travailleurs immigrés représentent plus du quart des ouvriers non qualifiés du bâtiment et des travaux publics ; près d’un quart des ouvriers qualifiés du gros œuvre du bâtiment ; et près de 20 % des ouvriers qualifiés dans les travaux publics. N’y a-t-il pas un rapport entre la suppression massive d’emplois et la chasse aux immigrés ?

Les travailleurs immigrés – surtout quand ils n’ont pas de papiers – relèvent de cette catégorie que Karl Marx, à propos des chômeurs, avait nommée « l’armée de réserve industrielle de la classe capitaliste » : on les prend, on les surexploite et on les renvoie quand le rendement des capitaux investis n’est pas suffisant aux yeux des actionnaires et des fonds de pension !

La régularisation des travailleurs sans papiers est une mesure démocratique légitime. Au-delà, un problème de classe est posé. La chasse aux immigrés est un rouage du mécanisme d’exploitation et de surexploitation de tous les travailleurs, français ou immigrés. C’est donc une attaque contre toute la classe ouvrière. On ne peut y répondre sérieusement sans ouvrir la perspective de chasser le gouvernement des Macron et autre Barnier et d’y substituer un gouvernement des travailleurs défendant, dans tous les domaines, les intérêts de la majorité de la population, celle qui n’a que son travail pour vivre.

C’est pour avancer dans cette voie que le congrès du Parti des travailleurs a lancé un appel à rejoindre ses rangs.