Editorial de La Tribune des Travailleurs n° 429 du 28 février 2024
Par Daniel Gluckstein
Macron a donc franchi le pas. Ce 26 février, à l’issue d’une conférence internationale sur l’Ukraine convoquée à la hâte, il a déclaré : « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais, en dynamique, rien ne doit être exclu. »
Au-delà de l’aveu – il y a bien des troupes françaises au sol, mais pas de manière « assumée » –, Macron se déclare prêt à intervenir militairement contre la Russie.
À ceux qui – Scholz et les autres chefs d’État européens – se disent opposés à cette nouvelle escalade, Macron répond : « Beaucoup de ceux qui disent “jamais, jamais” aujourd’hui étaient les mêmes qui disaient “jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée” il y a deux ans. »
C’est un fait : aujourd’hui les frappes ukrainiennes en territoire russe font usage de matériel militaire français.
C’est un fait : l’escalade guerrière dans laquelle la France et les autres pays capitalistes sont engagés depuis deux ans a déjà provoqué 500 000 morts et blessés russes et ukrainiens, civils et militaires.
Et il faudrait demain ajouter à cette comptabilité macabre celle de nos enfants ?
Cette logique, c’est celle de la marche à une guerre mondiale. C’est la logique des multinationales de l’industrie d’armement, avides de profits. C’est la logique d’un régime politique aux abois, la Ve République, dont le chef espère surmonter la crise en forgeant une union sacrée contre l’« ennemi ».
Mais ce n’est pas la logique du peuple travailleur. Il faudrait que nos enfants partent à la guerre ? Pour défendre quoi ? La démocratie ? Qui peut croire un seul instant que c’est de cela qu’il s’agit ?
Il y a deux ans, lorsque Poutine déclencha l’intervention militaire en Ukraine, nous écrivions dans l’éditorial de ce journal : « Les peuples n’ont aucun intérêt à la confrontation. Le travailleur russe n’est pas l’ennemi du travailleur ukrainien qui n’est pas l’ennemi du travailleur russe. Le travailleur français n’est l’ennemi ni du travailleur russe, ni du travailleur ukrainien, ni du travailleur des États-Unis. »
Cela reste vrai.
Étendre et généraliser le Service national universel (SNU) pour militariser la jeunesse ; faire voter une loi de programmation militaire et des budgets d’armement en constante augmentation (et asphyxier les services publics), cette politique porte un nom : ce sont des préparatifs de guerre.
Le peuple travailleur en France n’accepte et n’acceptera pas que ses enfants aillent perdre la vie sur le sol ukrainien ou russe pour défendre les intérêts des multinationales. Nos enfants ne sont pas de la chair à canon, pas plus que les enfants de Russie ou d’Ukraine.
Il faut démanteler le SNU et affecter les budgets de guerre aux besoins du peuple. En un mot, il faut en finir avec l’escalade guerrière. En finir aussi avec Macron, son gouvernement et sa politique de guerre à l’extérieur et à l’intérieur, contre tous les peuples.
À bas la guerre !