Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 466 du 20 novembre 2024
Par Daniel GlucksteinAprès avoir mis au point un texte d’appel à la tenue d’assemblées générales pour préparer la grève sur les revendications, deux responsables syndicaux régionaux appartenant à des organisations différentes échangent sur la situation : « L’unité de nos organisations sur la base des revendications est une nécessité si on veut obliger le gouvernement à reculer », dit l’un. « D’accord, répond l’autre, surtout au vu de la cacophonie qui règne au sommet. »
Cacophonie au sommet, en effet. Les uns appellent à une journée de grève et de mobilisation le 5 décembre dans la fonction publique, d’autres appellent, sur les mêmes mots d’ordre, à trois jours de grève les 10, 11 et 12 décembre pour rejoindre, disent-ils, les cheminots dans la grève. Lesquels cheminots sont d’abord appelés à l’action par leurs fédérations sur leurs propres revendications le 21 novembre. Quant aux fédérations de fonctionnaires qui appellent les 10, 11 et 12, elles se disent prêtes à appeler le 5 avec les autres fédérations, mais à condition que celles-ci rejoignent l’appel aux 10, 11 et 12…
Cacophonie au sommet, décidément ! Plus le gouvernement attaque, plus se multiplient les plans patronaux de licenciements, et plus semblent s’imposer au sommet les initiatives de dispersion, d’éparpillement et de division !
Pourtant, quand 300 000 emplois sont menacés dans le privé, c’est toute la classe ouvrière qui est visée par ceux qui protègent les dividendes capitalistes. Les annonces du gouvernement sur la Sécurité sociale (notamment l’augmentation de 5 % du « reste à charge ») remettent en cause la conquête collective de la classe ouvrière arrachée en 1945, la Sécurité sociale fondée sur le salaire différé. C’est toute la classe ouvrière qui est attaquée.
Du côté du gouvernement et du patronat, il y a bien sûr, entre eux, des différences et des désaccords. Mais quand il s’agit de nous faire payer une dette qui n’est pas la nôtre ou les centaines de milliards de leur guerre capitaliste, ils savent serrer les rangs et agir comme une seule classe, soudée.
Alors, à quoi sert la cacophonie ? Elle sert à organiser la division. Et la division sert à faire passer les plans du gouvernement et des capitalistes.
En bas, dans les assemblées générales qui se multiplient dans les entreprises, dans les réunions syndicales, dans les assemblées de grève, sur les piquets, les travailleurs sont unis, quels que soient les syndicats, syndiqués ou non, sur les mêmes revendications. L’urgence, c’est d’en finir avec la division en haut, en finir avec la dispersion délibérée qui sert le gouvernement. Et donc en finir avec la cacophonie.
Il faut qu’en haut aussi s’impose l’unité sur les mêmes revendications. L’unité pour l’organisation de la vraie grève qui fera reculer le gouvernement. Comme le dit l’appel du bureau national du Parti des travailleurs : « À tous les niveaux, forgeons l’unité, l’unité pour les revendications, l’unité pour chasser Macron, son gouvernement, sa politique ! »