Non, Macron, nos enfants ne sont pas de la chair à canon !

Editorial de La Tribune des Travailleurs n° 429 du 28 février 2024

Par Daniel Gluckstein

Macron a donc franchi le pas. Ce 26 février, à l’issue d’une conférence internationale sur l’Ukraine convoquée à la hâte, il a déclaré : « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais, en dynamique, rien ne doit être exclu. »

Au-delà de l’aveu – il y a bien des troupes françaises au sol, mais pas de manière « assumée » –, Macron se déclare prêt à intervenir militairement contre la Russie.

À ceux qui – Scholz et les autres chefs d’État européens – se disent opposés à cette nouvelle escalade, Macron répond : « Beaucoup de ceux qui disent “jamais, jamais” aujourd’hui étaient les mêmes qui disaient “jamais des tanks, jamais des avions, jamais des missiles à longue portée” il y a deux ans. »

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Une blague ? Bien au contraire…

Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 428 du 21 février 2024

Par Daniel Gluckstein


Macron disposant de cinq pages dans L’Humanité (19 février), une blague ? Bien au contraire… Le directeur du journal (et sénateur du Parti communiste français), Fabien Gay, a beau prétendre que cette interview met « le chef de l’État face à ses contradictions », elle constitue un véritable plaidoyer en faveur de sa politique.

Les inégalités ? « J’ai augmenté de façon inédite les budgets de l’Éducation nationale, de la justice et de la santé. Grâce à tout cela, la France est un des pays au monde où les inégalités après redistribution sont les plus faibles. » L’immigration ? Macron appelle le Parti communiste à le rejoindre : « Ne laissez pas le combat contre l’immigration clandestine à l’extrême droite, ce combat est républicain. » L’Humanité « Je (la) lis tous les matins », d’ailleurs « tous les titres indépendants qui rencontrent des difficultés trouvent auprès de l’État un appui financier. » La répression des manifestations ? Macron reconnaît « avoir révisé notre doctrine de maintien de l’ordre » et salue « l’esprit de responsabilité des forces syndicales ». Les retraites ? « Beaucoup d’électeurs de gauche étaient très opposés à la réforme », mais Macron lui-même ne l’a pas faite « de gaité de cœur ». Il fallait oser…

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Le Parti des Travailleurs-Vaucluse et la marché de Cavaillon

Diffusion du Parti des Travailleurs sur le marché de Cavaillon, le lundi 20 novembre 2023
Intervention de la police municipale

Nos camarades racontent : « Nous nous sommes installés vers dix heures avec notre petite table de camping et un panneau. Nous avons fait 5 signatures, deux TT données à des personnes intéressées et ayant marqué leur accord avec nos buts et une TT vendue à 1,50 euros. Moins d’une demi-heure après que nous nous soyons installés, six policiers municipaux (six !) nous ont interpellés. « Vous n’avez pas le droit d’avoir une table et un panneau. C’est la loi ici. » Nous avons dû montrer nos cartes d’identité au sergent qui les a photographiées et qui a relevé nos N° de téléphone en contrôlant que l’adresse mentionnée sur la carte d’identité était la bonne. Nous avons essayé de discuter mais en vain en invoquant l’arrêté national qui ne mentionne pas les tables et ne pose qu’une condition : que cela ne dérange pas. Nous avons donc décidé de nous adresser au maire de Cavaillon. »
Fin janvier, nous adressons une demande d’audience auprès du Maire de Cavaillon. Quelques jours après, nous recevons un appel disant que nous serons reçus par le chef de cabinet, Mme Ortet, et un responsable des espaces publics le mercredi 21 février à 10 heures.
A suivre !

L’obscénité faite système

Éditorial de La Tribune des Travailleurs n° 427 du 14 février 2024

Par Daniel Gluckstein

Elles vont « toujours plus haut » pour engranger « une pluie de records » qu’elles ne cessent de « pulvériser ». Leurs « résultats (…) sont supérieurs aux attentes » et leur garantissent de « continuer à briller » grâce à une « hausse (qui) entretient la hausse ».

« Elles » ? Des sportives de haut niveau dont les exploits sont salués par un commentateur exalté ?

Vous n’y êtes pas.

« Elles », ce sont les « Bourses mondiales au sommet » auxquelles « l’indice de Wall Street, dopé à l’intelligence artificielle, a donné des ailes », si l’on en croit le quotidien Les Échos qui leur consacre sa une ce 13 février.

Lecteurs de La Tribune des travailleurs, vous avez peut-être du mal à comprendre en quoi les mouvements de la Bourse vous concernent ?

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Le leurre

Éditorial de La Tribune des travailleurs n° 426 du 7 février 2024

Par Daniel Gluckstein

Quatre mois se sont écoulés depuis le 7 octobre. Gaza, rasée, compte plus de cent mille morts et blessés. Privés de nourriture et de soins, réfugiés dans des abris précaires au milieu des décombres, les rescapés survivent au jour le jour dans l’angoisse des prochains bombardements.

Car le massacre se poursuit. De temps à autre, les gouvernements capitalistes demandent à Netanyahou d’introduire un peu d’humanité dans son entreprise génocidaire… pour mieux poursuivre, sans relâche, leur fourniture d’armes à Israël.

C’est un fait : Israël ne pourrait prolonger son offensive meurtrière plus de deux ou trois jours si ces livraisons d’armes et de munitions cessaient. C’est pourquoi les véritables partisans de la paix se doivent d’exiger : l’arrêt des bombardements, la levée du siège et surtout l’arrêt des livraisons d’armes et de leur financement.

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Pour l’alliance ouvrière et paysanne

Par Daniel Gluckstein

C’est une terrible explosion de colère avoisinant la révolte qui pousse sur les routes des milliers de paysans qui multiplient les barrages pour faire prévaloir leurs revendications. Une immense colère teintée de désespoir, venue d’en bas, des couches les plus pauvres, les plus écrasées, celles qui n’arrivent plus à vivre de leur travail.

Le gouvernement ne s’y trompe pas. Il affiche – du moins jusqu’à aujourd’hui –, une volonté de dialogue, évitant la confrontation. En réalité, il multiplie les rencontres avec les seuls dirigeants de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et de Jeunes agriculteurs (JA), dans le but de sceller l’alliance entre le gouvernement et les « gros », les très gros propriétaires terriens, pour contenir le mouvement des « petits » qui n’en peuvent plus.

Ici s’exprime la différence entre la classe ouvrière et le monde de la paysannerie. La classe ouvrière rassemble tous les salariés, près de 27 millions, qui pour vivre sont contraints de vendre leur force de travail. Bien sûr, les cadres supérieurs ne vivent pas dans les mêmes conditions que les travailleurs précaires. Mais tous ont en commun de devoir vendre leur force de travail en échange d’un salaire : dans le privé, de la vendre à un patron qui tire son profit de l’exploitation de la force de travail ; et dans le public, de vendre leur force de travail de manière à faire fonctionner au moindre coût les services de l’État et des collectivités indispensables au système d’exploitation capitaliste. D’où les revendications communes à toute la classe ouvrière, par exemple face à la réforme des retraites.

Qu’est-ce qui est commun à toute la classe paysanne ? Formellement, tous les paysans « possèdent » leurs moyens de production et les utilisent eux-mêmes. Mais cette unité est une fiction. Au sommet, les gros exploitants agricoles sont de véritables capitalistes : il est emblématique que le président de la FNSEA, censé porter la parole de tous les paysans, soit propriétaire des huiles Lesieur et de dizaines de sites industriels dans le monde. Comme tous les capitalistes, il exploite ses salariés. Et quand il dit qu’il veut en finir avec les normes, il s’agit surtout des normes qui limitent son droit d’exploiter la force de travail d’autrui.

À l’inverse, les petits paysans sont certes formellement propriétaires de leurs moyens de production, mais le plus souvent tout est hypothéqué et c’est la banque qui est propriétaire. Et lorsqu’ils partent à la retraite, c’est avec une retraite de misère.

Reste cette question : comment est-il possible que dans la 7e puissance industrielle du monde, qui est par ailleurs une grande nation agricole, des producteurs de fruits, de légumes, de viande, de vin n’arrivent pas à vivre de leur travail ? Comment est-il possible que, « de l’autre côté », les salariés et leurs familles n’arrivent plus à acheter le strict nécessaire pour s’alimenter ?

Qui achète aux paysans les produits agricoles à un prix dérisoire ? Qui les revend à un prix exorbitant ?

En réalité, l’acteur principal de la crise actuelle, ce sont les multinationales agroalimentaires, la grande distribution, les grossistes intermédiaires qui, comme l’expriment les agriculteurs dans ce journal, se « gavent tous sur notre dos », car le gouvernement « fait les lois pour les grands groupes ».

Le savez-vous ? Parmi les quarante entreprises du CAC 40 qui viennent de verser plus de 100 milliards d’euros de dividendes, on trouve Carrefour, Danone, le Crédit agricole… Toutes distribuent des milliards à leurs actionnaires, des milliards volés aux petits paysans, dont la production est achetée à vil prix pour ensuite dégager des marges énormes sur le dos des consommateurs.

Cette politique pour les « gros » est organisée par le gouvernement Macron à la solde des capitalistes et protégée et encouragée par les directives de l’Union européenne.

Quelle issue à cette situation ? L’alliance ouvrière et paysanne, l’alliance entre les travailleurs, les salariés et les petits paysans. Une alliance qui devrait s’incarner dans une politique de défense commune des producteurs et des consommateurs : que les prix soient garantis à la production à un niveau qui permette aux paysans de vivre de leur travail, qu’une augmentation générale des salaires pour tous les travailleurs permette d’accroître le pouvoir d’achat, que soit instaurée l’échelle mobile des salaires les indexant sur les prix et qu’à cet effet les profits gigantesques des Crédit agricole, Danone, Carrefour et autres multinationales soient confisqués pour permettre à chacun de vivre de son travail et de se nourrir autant que de besoin.

Telle devrait être une politique de défense des travailleurs des villes et des campagnes, la politique d’un gouvernement de l’alliance ouvrière et paysanne.

Retour à la normale ?

Editorial de La Tribune des Travailleurs n° 424 du 24 janvier 2024

Par Daniel Gluckstein

Annonçant une hausse de près de 10 % des tarifs de l’électricité, le gouvernement précise qu’il s’agit d’un « retour à la normale ». Retour à la normale ? On en est déjà à 44 % d’augmentation en deux ans et le ministre Le Maire promet qu’il n’y en aura pas d’autre… avant l’an prochain !

Retour à la normale ? Des familles qui déjà ne peuvent plus payer le pourront encore moins, renonceront à se chauffer, à s’éclairer…

Retour à la normale ? Des boulangers s’apprêtent à mettre la clef sous la porte car, comme le dit l’un d’eux, « les gens ne vont quand même pas acheter la baguette à 2 ou 3 euros ! »

Et le doublement de la franchise médicale sur les boîtes de médicaments et les actes médicaux, retour à la normale aussi ?

Tout cela pour quoi, au fait ?

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