Auteur/autrice : Jacno
“A lire” dans La Tribune des Travailleurs
Eté 2023, La Tribune des Travailleurs publie une série permettant de découvrir des militants peu connus qui ont pris part à L’histoire ouvrière
“Elles et ils ont pris part à l’histoire ouvrière”
397- 5 juillet
Dans ce premier numéro de l’été, La Tribune des Travailleurs présente Takiji Kobayashi (1903 – 1933), écrivain et militant dans les années 1920. On lui doit en particulier les livres suivants : “Le bateau usine”, “Le 15 mars 1928” et “Le propriétaire absent”.
Pendant l’été 2022, La Tribune des Travailleurs rencontre des auteurs
Chaque semaine, leur interview est publié sur 2 pages dans
“Le cahier de l’été – Rencontre avec l’auteur”
353– 24 août
La Tribune des Travailleurs publie des extraits de la préface que Hervé Le Tellier a consacrée à la réédition du livre de Georges Orwel, “La ferme des animaux”
352– 17 août
Jacques Jouet (Une mauvaise maire – La république de Mek-Ouyes – Le cocommuniste)
351– 03 août
Eric Vuillard (Prix Goncourt 2017 avec “L’ordre du jour” – 14 juillet – La bataille d’occident)
350– 27 juillet
Hervé Le Tellier (Prix Goncourt 2020 avec “L’anomalie” – Assez parlé d’amour – Electrico W)
349 – 20 juillet
Dominique Manotti (Marseille 73 – Nos fantastiques années fric – Lorraine correction – Sombre sentier)
348 – 13 juillet
Djaïli Amadou Amal (Les Impatientes – Cœur du Sahel)
347 – 6 juillet
Caryl Férey (Zulu – Mapuche – Condor – Uruguay – Haka– Lëd)
Régulièrement, La Tribune des Travailleurs propose des livres à lire : en voici une liste.
464
L’Afrique d’abord – Thomas Deltombe
Quand François Mitterrand voulait sauver l’Empire français
463
Jean Jaurès – Jean-Numa Ducange
Une nouvelle biographie de Jaurès
462
A la ligne – Julien Martinière
Bandes dessinée d’après le roman de Joseph Ponthus
461
La cour des mirages – Benjamin Dierstein
Aller simple pour l’enfer
459
»Non-agression » et coopération – Jean-Jacques Marie
La collaboration Staline-Hitler
454
Les Exaltés – Gérard Mordillat
453
Le Bateau-Usine (manga inspirée du roman de Takiji Kobayashi) – Gô Fujio
450
Hommage à Ismaïl Kadaré décédé le 1° juillet 2024 (Les tambours de la pluie – Le grand hiver)
Le camp des oubliés – Barbara Bordes
449
L’oreille de Kiev – Andrei Kourkov
446
L’hôtel de verre – Emily St. John Mandel
444
Le livre du feu – Christa Lefteri
441
Reine rouge – louve noire – Roi blanc – Juan Gomez Jurado
439
Les aiguilles d’or – Michael McDowell
429
Femme, Vie, Liberté (roman graphique) – Marjane Satrapi
428
Cœur du Sahel – Djaïli Amadou Amal
426
Le Silence et la Colère – Pierre Lemaitre
425
Les abeilles grises – Andreï Kourkov
Copernic et Newton n’étaient pas seuls – James Poskett
Okavango – Caryl Férey
423
Sensibilités – Tania de Montaigne
422
Koko n’aime pas le capitalisme (BD) – Tienstiens
420
Un détail mineur – Adania Shibli
417
Les nuits de la peste – Orhan Pamuk
Les ténèbres et la nuit – Michael Connelly
Ton absence n’est que ténèbres- Jon Kalman Stefansson
415
Pays de sang – Paul Auster
414
L’enragé – Sorj Chalandon
413
La maison dorée – Jessie Burton
Personne ne le croira – Patricia MacDonald
412
Une belle grève de femmes (les Pens sardins Douarnenez – 1924) – Anne Crignon
411
Album de famille (La grande histoire de nos ancêtres) – Guido Barbujani
409
Il n’y aura pas de sang versé – Maryline Desbiolles
408
Un destin sauvage, si sauvage – Inga Vesper
Ces femmes là – Ivy Pochada
406
Franz Kafka ne veut pas mourir – Laurent Seksik
405
Pas dormir – Marie Darrieussecq
Autolouange et autres poèmes – Les sœurs Brontë
404
Les arbres grandissent-ils toute leur vie ? – André Granier
400
Normal People – Sally Rooney
Une nuit de trop – James Patterson
L’île interdite – James Rollins
399
Silence dans les champs – Nicolas Legendre
396
La pierre du remords – Arnaldur Indridasson
395
Hommage à Cornac McCarthy, décédé le 13 juin 2023
391
L’horizon d’une nuit – Camilla Grebe
Le dernier message – Nicolas Beuglet
390
Fille en colère sur un banc de pierre – Véronique Ovaldé
385
La fille dans le brouillard – Donato Carrisi
Un talent pour le crime – Andrew Wilson
379
A Islande – Ian Manook
374
L’éternel fiancé – Agnès Desarthe
Incendie nocturne – Michael Connelly
373
Le 15 mars 1928 – Takiji Kobayashi
368
Kinderzimmer – Valentine Goby
Crossroads – Jonathan Franzen
367
La République ensanglantée (Berlin, Vienne : aux sources du nazisme) – Jean-Numa Ducange
361
Les Testaments – Margaret Atwood
Le bal des ombres – Joseph O’Connor
Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs – Mathias Enard
American Dirt – Jeanine Cummins
359
Les muses – Alex Michaelides
Histoires de la nuit- Laurent Mauvignier
358
Séquences mortelles – Michael Connelly
Asta- Jon Kalman Stefansson
357
Mémoires de guerre – Dimitri Lissovenko
356
Les enfants sont rois – Delphine de Vigan
355
Ainsi vivent les femmes – Monique Romagny-Vial
352
Impossible – Erri de Luca
349
Les prisonniers de la liberté – Luca di Fulvio
348
Mort aux hypocrites – Petros Markaris
343
Dans les brumes de capelans – Olivier Norek
341
La face nord du cœur – Dolorès Redondo
Le flambeur de la Caspienne (les énigmes d’Aurel le Consul) – Jean-Christophe Rufin
340
La rose seule – Muriel Barbery
La muse rouge – Véronique de Haas
338
Encabanée – Gabrielle Filteau Chiba
Lumière d’été puis vient la nuit – Jon Kalman Stephansson
Les cahiers de Verkhnéouralsk – Écrits des militants trotskystes soviétiques (1930-1933) {page 14 de la TT}
337
Une sortie honorable – Éric Vuillard
333
Le grand monde – Pierre Lemaitre
332
Nuit – Edgar Hilsenrath
331
Les amazones – Jim Ferguson
Nos espérances – Anna Hope
330
Femmes astronomes – Yaël Nazé
329
Les aventures extraordinaires d’un juif révolutionnaire – Alexandre Thabor
326
Voyage sur les flots de galaxies – Laniakea, et au-delà – Hélène Courtois
325
La mer à l’envers – Marie Darrieussecq
Une machine comme moi – Ian McEwan
320
À la découverte des Étrusques – Marie-Laurence Haack
Marathon, savant et tribun – Clifford D Conner
La porte du voyage sans retour – David Diop
318
Leurs enfants après eux – Nicolas Mathieu Prix Goncourt 2018
317
Une saga familiale en Géorgie – Nino Haratischwili (la 8° vie)
316
3 polars hambourgeois de Cay Rademacher :
- L’assassin des ruines
- L’orphelin des docks
- Le faussaire de Hambourg
314
L’inconnu de la poste – Florence Aubenas
312
Publicité meurtrière – Petros Maarkaris
311
Le grand roman des maths – Mickaël Launay
Une saison à Hydra – Elizabeth Jane Howard
Retour à Martha’s Vineyard – Richard Russo
Tribulations d’un précaire – Iain Levison
310
Paul Robeson (biographie de) – Gérald Horne
309
Une farouche liberté – Gisèle Halima avec Abbick Cojean
307
Légende d’un dormeur éveillé – Gaëlle Nohant
305
L’été de Katia – Trevanian (Rodney William Whitaker)
Succion – Yrsa Sigurdadottir
Le serpent majuscule – Pierre Lemaitre
304
Cette nuit-là – Indra Sinha
L’IA peut-elle penser ? – Hubert Krivine
303
Testament à l’anglaise – Jonathan Coe
L’autre Rimbaud – David Le Bailly
302
Condor – Carol Férey
301
Les maquisards – Nora Hamid
Une histoire de tout, ou presque… – Bill Bryson
300
Vie et destin – Vassili Grossman
299
Hommage à la Catalogne – George Orwell
La naissance de la pensée scientifique – Carlo Rovelli
298
Sans patrie ni frontières – Jean Valtin
Quand les animaux et les végétaux nous inspirent – Emmanuelle Pouydebat
297
Les raisins de la colère – John Steinbeck
296
Tout est crime dans notre vie – Mai Thi Nguyen-Kim
295
Un couple irréprochable – Alafair Burke
Le suspendu de Conakry – Jean-Christophe Rufin
Nuit sombre et sacrée – Michael Connelli
294
Les âmes mortes – Nikolaï Gogol
292
Quand la gauche pensait la nation – Jean-Numa Ducange
La guerre des paysans en Allemagne – Frédérick Engels
Fourmies la Rouge – Alex W. Inter (bande dessinée)
291
A travers la mort (Mémoires inédit 1886-1890) – Louise Michel
290
Sigle – Ragnar Jonasson
La philo expliquée aux enfants – Tahar Ben Jelloun
288
Rien n’est noir – Claire Berest
Journal officiel de la Commune de Paris (20 mars – 24 mai 1871
287
Dictionnaire de la Commune – Bernard Noël
286
La semaine sanglante (mai 1871 – Légendes et comptes) – Michèle Audin
Je te suivrai en Sibérie – Irène Frain
284
Léo Frankel, communard sans frontières – Julien Chuzeville (biographie de Léo Frankel)
283
La Commune de Paris au jour le jour (18 mars – 28 mai 1871) – Paule Lejeune
281
A la ligne – Feuillets d’usine – Joseph Ponthus
280
Éden – Monica Sabolo
279
Octobre – Sören Sveistrup
277
L’invention du colonialisme vert – Guillaume Blanc
273
Le gang des rêves – Lucas du Fulvio
272
Will prend son pied – Tom Sharpe
England, England – Julian Barnes
271
La saison de l’ombre – Léonora Miano (prix Femina 2013)
La trêve à Gaza règle-t-elle les problèmes ?
Communiqué du 28 novembre 2023
Manifestation à Avignon du 2 décembre 2023
17 mars 2023 – Communiqué du POid 84 – Non à la fermeture des urgences de l’hôpital de Carpentras
L’hôpital de Carpentras est dans la tourmente mais ce sont tous les hôpitaux du département qui souffrent

Les années – Annie Ernaux

Dans ce livre autobiographique au ton impersonnel (tout est écrit à la troisième personne du singulier comme si l’auteur se contentait de décrire, au travers de quelques photos, les souvenirs et impressions d’une personne étrangère), l’auteure se livre à nous. Plus qu’un simple récit anecdotique, c’est une frise du temps qui s’ouvre à nous partant des ruines des villes et villages après la guerre jusqu’au début du XXI° siècle. Pourquoi ce livre ? Annie Ernaux répond dans les dernières pages :
« Ce ne sera pas un travail de remémoration tel qu’on l’entend, généralement, visant à la mise en récit d’une vie, à une explication de soi. Elle ne regardera en elle-même que pour y retrouver le monde, la mémoire et l’imaginaire, des jours, passer du monde, saisir le changement des idées, des croyances et de la sensibilité, la transformation des personnes et du sujet, qu’elle a connu, et qui ne sent rien, peut-être, auprès de ce grand connu, sa petite fille et tous les vivants en 2070. »
Souvenirs des ruines, des reconstructions, des magasins aux grandes surfaces, des vinyls puis des CD, des chansons, des films, des livres, … Souvenirs aussi des études, du travail, des problèmes, de la vie sexuelle, … Souvenirs historiques aussi au travers des grands évènements politiques, guerres de Corée, du Vietnam, indépendance de l’Algérie, les élections en France, mai-juin 68 dont elle analyse ainsi le dénouement :
« Les élections, ce n’était pas choisir, c’était reconduire les notables en place pour rien. De toute façon, la moitié des jeunes n’avait pas vingt et un ans, ils ne votaient pas. Au lycée, à l’usine, la CGT et le PC recommandaient la reprise du travail. On pensait qu’avec leur élocution lente ou rocailleuse de faux paysans, leurs porte-parole nous avaient bien entubés. Ils gagnaient la réputation « d’alliés objectifs du pouvoir » et de traîtres staliniens, dont tel ou telle, sur le lieu de travail, allait devenir pour des années, la figure achevée, cible de toutes les attaques. »
L’auteur

Depuis que Annie Ernaux a reçu le Nobel de littérature en 2022, elle bénéficie d’une publicité médiatique importante qui ne devrait pourtant pas empêcher la lecture de ses livres. Le quotidien « Le Monde » a publié le discours qu’elle prononça lors de la remise de son Nobel. Vous pouvez le lire en cliquant ci-dessous.
Jacno
Les années – Annie Ernaux (Ed. Folio – 8,70 €)
L’oreille de Kiev – Andreï Kourkov

Kiev (Ukraine), début de l’année 1919. Pour la deuxième fois, l’armée rouge est victorieuse en Ukraine contre les Russes blancs du général Denikine et les partisans de Symon Petlioura. Le roman de Kourkov commence mal pour son héros Samson : son père est tué par un cosaque qui sabre tous ceux qui se trouvent sur son passage et lui, Samson, a son oreille droite coupée. Cette oreille, enfermée dans une petite boîte métallique, va jouer un rôle bien particulier dans cette histoire. Tout à fait par hasard, cherchant du travail maintenant que ce jeune étudiant se retrouve orphelin, il se verra proposer un poste d’enquêteur dans la milice. Il rencontrera aussi Nadejda, jeune bolchevique convaincue (contrairement à lui) qui deviendra sa colocataire avant de devenir, certainement dans le prochain roman de Kourkov, son épouse.
Et nous voilà entraînés, au travers d’une enquête policière passionnante, dans le Kiev du début des années 1919 au milieu des difficultés d’approvisionnement de nourriture, de bois pour se chauffer ou alimenter la centrale électrique, des incursions et des attaques des anti-bolchéviques, des vols, des meurtres, …Andreï Kourkov s’appuie, pour restituer au mieux ces années-là , sur un grand travail de recherche dans les documents de l’époque. Comme il l’explique dans l’avant-propos du livre : « Je suis devenu un familier de la Kiev de 1919, je connais certains de ses habitants et leurs adresses, je me promène dans ses rues accompagnées des héros des rapports de police et des personnages de mon livre. »
A noter parmi les soldats de l’armée rouge à Kiev, la présence de très nombreux chinois. En effet, au moment de la révolution russe, en octobre 1916, il y avait près de 200 000 chinois employés en Russie. Près de 40 000 d’entre eux rejoignirent l’armée rouge pour diverses raisons (conviction politique, possibilité d’avoir un travail et un salaire pour vivre ou rentrer chez eux,…).
L’auteur

Andreï Kourkov est né en 1961. Écrivain ukrainien, où il habite dès ses 2 ans et termine ses études à l’Institut d’État de pédagogie des langues étrangères en 1983, il écrit en langue russe. Il commence à être connu en France avec la traduction de son roman « Le pingouin » (avec sa suite « Les pingouins n’ont jamais froid »). Depuis 1996, il vit en partie à Londres. Il préside l’Union des écrivains ukrainiens.
Jacno
L’oreille de Kiev – Andreï Kourkov (Éditions Liana Levi – 22 €)
Regarde les lumières mon amour – Annie Ernaux
Tiens, un livre consacré à l’hypermarché Auchan de Cergy ! Un roman ? Un carnet de bord ? Un journal intime ? Une étude sociologique ? Ou, plus simplement, un livre d’Annie Ernaux. En 2012, 2013, Annie Ernaux est allée régulièrement faire ses courses à ce magasin et elle raconte ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent. Elle y retournera 3 ans plus tard et constatera, outre quelques petits aménagements, que « l’hyper continue de jouer à fond son rôle réactionnaire d’aménageur des effets du chômage et des bas salaires ». Publié en 2014, ce livre est aussi une une analyse de la société dite de consommation et des différentes classes sociales qui se reflètent dans ce magasin et la façon dont il agit et réagit par rapport à elles.

Le titre de cet ouvrage peut surprendre au premier regard mais il suffit de parcourir le livre pour en comprendre la raison.
Bien sûr, entre autres, elle s’intéresse au rayon librairie. Alors qu’au rayon « NOUVELLES TECHNIQUES, CONNECTIQUE » on trouve des vendeurs pour renseigner les clients ce « sont tous des garçons jeunes, généralement bien de leur personne, évoluant avec décontraction entre les comptoirs, conscients de leurs savoirs en matière de nouvelles technologies »), il n’y a personne auprès des livres et de la presse. « Point presse d’Auchan. Je ne m’habitue pas aux endroits où sont vendus les journaux sans qu’il y ait un kiosque capable de vous dire où se trouve le magazine que vous cherchez. »
Au rayon des bonbons et biscuits en vrac, l’auteure note le panneau « Consommation sur place interdite » alors que dans l’espace librairie on peut lire « Par respect pour nos clients, il est interdit de lire les revues et les magazines dans le magasin. » Et pourtant, « …, une jeune femme, vêtue mode, est plongée dans un livre dont je ne vois pas le titre. À côté, un enfant lit une BD. Réjouissant de constater qu’ils sont assis juste au-dessous du panneau d’interdiction de lire. » « Des couvertures de magazines sont froissées. (…) Auchan se soucie davantage des bonbons fraudés aux super discount que des journaux détériorés. »
L’auteur

Depuis que Annie Ernaux a reçu le Nobel de littérature en 2022, elle bénéficie d’une publicité médiatique importante qui ne devrait pourtant pas empêcher la lecture de ses livres. Le quotidien « Le Monde » a publié le discours qu’elle prononça lors de la remise de son Nobel. Vous pouvez le lire en cliquant ci-dessous.
Jacno
Regarde les lumières mon amour – Annie Ernaux (Ed. Folio – 6,90 €)
Stöld – Ann-Helén Laestadius

Stöld, en français, se traduit par « vol ».
On aurait tort de ne voir dans ce livre qu’un simple thriller. Bien sûr, il y a une intrigue « policière » mais bien plus que cela, c’est l’histoire d’un peuple, les samis dont le territoire occupait autrefois une grande partie de la Norvège, de la Finlande, de la Suède et de la Russie. Immense territoire d’un peuple nomade qui vivait de pêche et de chasse avant de se sédentariser et d’élever des rennes. Immense territoire qui fut peu à peu morcelé entre les différents pays et dans lequel les Samis n’ont plus eu que le droit de circuler et d’élever des rennes. Et encore, avec des limites. Ainsi, « en 1886, la Suède vote une « loi sur l’élevage des rennes » qui interdit aux Samis de posséder des terres ou des droits d’utilisation de l’eau. Cette même loi définit légalement un sami comme quelqu’un dont le revenu principal est lié à l’élevage de rennes et sur des bases généalogiques. En 1920, un accord entre la Suède et la Norvège interdit aux éleveurs de faire traverser la frontière entre leurs pays à leurs troupeaux. » (Wikipedia – https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Samis )
Depuis plusieurs dizaines d’années, pour exploiter le riche sous-sol ou pour l’industrie du bois, des espaces entiers sont déboisés sans tenir compte des pâturages traditionnels des rennes. En mars dernier, le gouvernement suédois a encore donné son feu vert à un des projets miniers les plus controversés de ces dernières décennies en Suède, une mine de fer à Kallak à quelques kilomètres du cercle polaire. Non seulement des pâturages vont être interdits aux rennes mais l’infrastructure nécessaire pour le transport du matériel et du minerai va bloquer des chemins de transhumance et traverser un site classé en 1996 par l’Unesco au Patrimoine de l’humanité.
Le « Stöld » dont il est question dans ce livre, c’est celui des rennes qui sont tués, assassinés, torturés par des braconniers. Elsa, 9 ans, découvre l’un d’eux qui vient de tuer son jeune faon. Il la menace de mort si elle le dénonce et elle n’ose le faire. Elle ne le fera pas et gardera enfoui au plus profond d’elle ce secret, ce traumatisme. A cela s’ajoute la xénophobie profonde qui règne dans le pays, les insultes à l’égard des samis que l’on traite de « lapons » (terme péjoratif, issu de la racine lapp qui signifie porteur de haillons en suédois), le mépris des policiers qui classent toujours sans suite les nombreuses plaintes des éleveurs confrontés à ces vols. 10 ans plus tard, en 2018, rien n’a changé. Elsa garde toujours en elle le souvenir de l’assassinat de son faon et essaie tant bien que mal de faire bouger les choses tant par rapport aux vols de Rennes que par rapport à sa place dans la société Sami. « Être Sami, c’est porter son histoire avec soi. Se trouver enfant avec un lourd sac à dos et choisir ou non de le porter. Mais comment oser choisir autre chose que de porter l’histoire de sa famille et de transmettre son héritage ? » dit-elle. Elle a choisi, elle est Sami et entend bien le rester.Mais en tant que femme, son sac à dos est encore plus lourd. Ce sont les mâles qui héritent des troupeaux, qui s’en occupent, qui siègent au parlement sami. La place de la femme ? Elsa l’explique : « Niko recherchait une femme qui saurait s’occuper d’un foyer, qui ne se plaindrait jamais de se retrouver seule pendant des semaines et des mois, qui s’assurerait de remplir le réfrigérateur et de moucher les marmots ».
De 2008 à 2019, on va donc suivre le cheminement d’Elsa. On va plonger aussi en plein dans la renniculture, suivre l’élevage des rennes au fil des saisons, au fil des années, au fil des changements climatiques aussi.

L’autrice s’appelle Ann-Helén Laestadius. Elle est née en 1971, elle est journaliste et écrivaine sami. En 2016, son roman Tio över ett a remporté le prix suédois August comme meilleur livre dans la catégorie enfants et jeunes adultes. Vivant maintenant à Solna près de Stockholm , elle travaille comme journaliste depuis 1990.
Jacno
Ce livre devrait être adapté à l’écran pour Netflix à partir du printemps 2023.
Quelques propositions de lecture…
La Tribune des Travailleurs présente régulièrement des livres, des auteurs. Ainsi, pendant l’été 2022, chaque semaine, la TT a interviewé des auteurs et leur entretien a été publié sur 2 pages dans la rubrique “Le cahier de l’été – Rencontre avec l’auteur”. Sur cette page de notre site, vous trouverez également la liste des livres que la TT a présenté dans ses colonnes.

Voici la présentation de quelques livres lus et commentés par des camarades
- A propos de Giono
- Les années – Annie Ernaux
- L’oreille de Kiev – Andreï Kourkov
- Regarde les lumières mon amour – Annie Ernaux
- Stöld – Ann-Helén Laestadius
- Un fou – Leslie Kaplan
- “Une ascension du Mont ventoux” et “Respiration des plantes” – Jean Henri Fabre
- Poussière dans le vent – Leonardo Padura
- Le programme de transition – Léon Trotsky
- Les fantômes de l’Internationale – Elise Thiébaud
- Les fleurs noires de Santa Maria – Herman Rivera Latelier
07-11-2022 – Non à la fermeture de la SEGPA du Lavarin à Avignon
Avignon : “Nos enfants ne sont pas des pions !”

Le 13 octobre 2022, les parents des 45 enfants scolarisés à la SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) Le Lavarin d’Avignon apprennent par SMS que l’établissement sera fermé tout l’hiver pour faire des économies de chauffage ! Les élèves seront transférés dans un autre collège.
Le 5 novembre, devant la mobilisation des parents qui refusent la fermeture de l’établissement et le transfert des enfants et avec l’intervention de Force Ouvrière enseignement, la Direction académique annule sa décision.
Une maman explique : « Tous les parents ont signé une pétition. On a fait des courriers partout, on s’est adressé aux syndicats, aux médias qui nous ont beaucoup aidés. Tout le monde en a parlé. Samedi, on a su par SMS qu’ils rouvraient l’école. On est contents pour nos enfants mais il faut qu’elle reste ouverte ! Donc on va se battre pour que les travaux soient faits au plus vite. Cela permettra que les ateliers fermés soient réouverts au Lavarin et que les enfants ne soient plus déplacés 2 fois par semaine dans un autre collège. Les inscriptions en classe de 6ème pourront aussi reprendre. On ne veut pas d’une réouverture temporaire jusqu’à la fin de l’année, on veut le maintien de la SEGPA du Lavarin. On ne lâchera pas ! »
Lors du rassemblement maintenu le lundi 7 novembre, sous les drapeaux de FO et de la CGT, les parents scandent : « Nos enfants ne sont pas des pions ! ». A 9 h 45, le mobilier déménagé pendant les vacances n’a toujours pas été ramené et les parents ne savent pas si les cours pourront reprendre l’après-midi. « On ne veut pas la garderie, on veut que les enfants apprennent » s’écrie une maman. Peu de temps après, les tables arrivent sous les applaudissements.
Une autre maman est à la recherche d’une solution pour sa fille déscolarisée. Son dossier de demande de la SEGPA Le Lavarin n’a pas été traité car la commission a été annulée. Coïncidence ou conséquence de la volonté de fermer le dernier établissement scolaire du second degré dans ce quartier « défavorisé » après la fermeture du collège voisin en septembre 2009 ?
La détermination des parents à défendre les conditions d’étude de leurs enfants a été renforcée. Une audience avec la DASEN a été annulée mais la bataille pour le maintien de la SEGPA Le Lavarin se poursuit.

